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Perpignan : "220 km d’aménagements cyclables", le retour !

En découvrant la première édition au printemps 2021, annonçant dans un premier temps un spectaculaire "220km de pistes cyclables", corrigé ensuite en "220km d'aménagements cyclables", nous avions décidé de ne pas faire de tort à une campagne pro-vélo qui avait le mérite d'exister. Mais le contexte est différent aujourd'hui vu le virage "pro-moteur" engagé par la Ville de Perpignan avec des opérations/animations organisées toute l'année dans ce sens, avec pour apogée un festival auto-moto sur 3 jours remplaçant l'événement national Mai à vélo...

Nous expliquerons dans cet article pourquoi cette campagne fait grincer des dents les cyclistes (nous avons entendu vos doléances) et surtout est trompeuse pour les perpignanais et l’opinion publique.

Panneau 4x3 mètres de la campagne 2022


Pour commencer, ce chiffre qui nous/vous a interloqués : « 220 km d’aménagements cyclables » ?!
Nous aimerions bien savoir quels types d’aménagements sont comptabilisés pour arriver à une longueur linéaire si impressionnante, mais malheureusement nous n’avons rien trouvé de clair sur le site de la mairie… Seulement cette page qui quand on l’analyse ne totalise que 78 km linéaires. On est loin du compte ! Sauf si la ville a pris le parti de gonfler ce chiffre en incluant les Zones 30km/h, qui représentent quand même 20% de la surface de la commune ?

Dans tous les cas, le mètre linéaire ne sert qu'à la surenchère politique : les cyclistes savent bien que ce n'est pas la longueur de la piste qui compte mais la manière dont on peut s'en servir 😏

Plus sérieusement, voici comment le Cerema, organisme public de référence, nous résume fort clairement la chose dans son récent article :
"Un réseau continu et maillé de pistes cyclables efficaces est une des composantes essentielles d'un territoire cyclable. Les pistes cyclables sont situées majoritairement le long des axes principaux du réseau viaire où une mixité des modes n’est généralement pas recommandée. Elles contribuent au développement de la pratique du vélo à condition de garantir un haut niveau de service à tous les usagers.". Tout est dit…

Autant dire que ce n’est pas le cas à Perpignan qui est la cancre de sa catégorie à chaque Baromètre des Villes et Territoires Cyclables avec la note F indiquant un climat "Défavorable" à la pratique du vélo. Les points noirs, bien identifiés par les usagers à chaque édition, peinent à être résolus...

Capture baromètre vélo 2021


Si ce ne sont pas les jolis paysages qui manquent à la capitale nord-catalane, peut-être sont-ce les jolies pistes cyclables qui font défaut pour illustrer une telle campagne ? Car la photo « d’illustration » montrant un cycliste sur une piste cyclable avec en fond un joli coucher de soleil provient d'une banque d'images étrangère 😩

La photo originale provenant d'une banque d'images


En plus pourquoi encore un sportif !? Nous pensions que le français du 21è siècle avait enfin compris que le vélo était un moyen de transport et pas juste une activité de loisir...

Enfin, le slogan "À vélo, vous respirez" tombe mal, alors que la borne Atmo Occitanie, installée l'an dernier sur le bd des Pyrénées vient justement de rendre son verdict (et il est mauvais) : les "concentrations [...] dépassent les valeurs-limites pour la protection de la santé". Encore une bonne raison de réduire la place de l'auto en ville...

Non, le décalage est trop grand entre ce qui est affiché partout (panneaux 4x3m, sucettes, magazine municipal, écrans info traffic, etc.) et la réalité sur le terrain. C'est ce qu'on appelle de la publicité mensongère et ça s'apparente dans le contexte climatique mondial à du greenwashing...

La réalité, c'est que malgré un contexte (climat, topographie, touristique, etc.) plus que favorable et un potentiel de transfert modal (voiture vers vélo) impressionnant dans la Métropole de Perpignan, les éventuels nouveaux cyclistes n'osent pas franchir le pas car ils ne se sentent pas en sécurité sur les aménagements proposés, qui manquent clairement de cohérence et surtout de continuité !

Pour conclure : promouvoir le vélo c'est bien, mais mieux vaut commencer par avoir un réseau cyclable attractif en privilégiant la qualité plutôt que la quantité.
Nous regrettons encore une fois de ne pas avoir été associés à cette nouvelle campagne de promotion du vélo qui arrive de façon maladroite et avec un mauvais timing...