soumis le 20 fév 2015
Cela fait de nombreuses années que Vélo en Têt réfléchit sur l’évolution de la circulation en centre ville. En effet, le centre historique souffre depuis toujours d’une circulation de transit, puisque les lignes droites en sens unique permettent de le traverser plus vite qu’un contournement par les boulevards. Lors de la préparation de l’opération «Augustins plage» en mars 2012, notre comptage au niveau de la rue des Poilus montrait un trafic de 5000 véhicules/jour rue de la Fusterie ! Conjugué aux difficultés générales des commerces en ville, ce trafic inutile avec son lot de pollutions et d’insécurité pour les autres usagers de la rue, entraîne une désertification des rues des Augustins, de la Fusterie, ... quand on voit que les commerces de la zone piétonne résistent mieux.
Thibaut Legaye avait travaillé lors d’une commission «La ville à Pied» à l'Atelier d'Urbanisme en 2011 sur le principe de dissuasion de la traversée automobile du centre ancien. De nouveaux éléments sont à prendre à compte dans un centre en pleine mutation : installation d’une annexe de l’Université place Fontaine Neuve, pôle muséal autour du Pont d’en Vestit, futur parking de la place Jean Moulin, nouvelle politique de la Ville, ... Il y a aussi bien sûr la décision de la Cour administrative d’appel de Marseille qui demande la mise en double sens cyclable (DSC) de la rue Foch et de l’axe Place Catalogne- La Basse.
C’est avec tous ces éléments que nous avons dessiné sur une carte ce que pourrait être la circulation dans le centre à très court terme. Nos propositions se basent sur les deux principes suivants :
Intraversabilité du centre ancien : il doit bien évidemment rester accessible aux résidents et services (secours, livraisons, etc.) mais ne doit plus constituer un raccourci entre les deux bords du centre. Pour cela, nous avons repris le principe des «boucles et portes» de Thibaut : les voitures rentrent et sortent du centre par la même «porte» avec une logique de quartier. Des boucles de desserte alimentent les parkings. L’extension des rues rendues piétonnes (hors créneau matinal pour les livraisons) permet de créer des verrous empêchant la traversée du centre. Sur le bas du palais des Rois de Majorque, la mise en place d’un Rubic’s cube permet un accès partout aux résidents en dissuadant l’utilisation par les autres automobilistes du fait de la complexification du parcours.
Meilleur partage de l’espace public : Nous proposons une extension de la zone piétonne, englobant :
- une bonne partie de la rue Foch, permettant ainsi sa mise en DSC sans aménagements coûteux.
- dans la continuité la place du Pont d’En Vestit et la rue des Augustins.
- les rues Petite et Grande la Real et de la Fusterie restent malheureusement condamnées du fait de l’accès à préserver au parking de la République.
- un axe piéton de la place Rigaud à l’ancienne université, puis jusqu’à la place Cassanyes, permettent de compléter le parcours piéton d’un point à l’autre du centre ville et de désenclaver le quartier St Jacques et la place commerçante de Cassanyes.
- un accès réglementé sur le quai de la préfecture, pour créer un verrou au niveau de la place Arago, les bus gardant bien sûr leur droit de passage.
Dans cette configuration du centre ancien en zone 30 partiellement piétonnisé, les cyclistes peuvent circuler en zone piétonne en respectant la priorité aux piétons, mais disposent également de parcours de traversée «rapides» grâce aux DSC qui leur assurent une continuité. La baisse du trafic rendra par ailleurs les DSC beaucoup plus sûrs et permettra leur extension sur les axes qui en sont aujourd’hui dépourvus.
Nous pensons que ces principes, même s’ils ne se traduisent pas exactement comme sur la carte jointe, sont de nature à redessiner le centre pour une meilleure qualité de vie pour ses habitants, une meilleure visibilité de son riche patrimoine historique et une redynamisation commerciale de certaines rues et places aujourd’hui désertées. De plus, leur mise en place pratique ne nécessite pas de reprise de voirie, donc est peu coûteuse en ces temps de vaches maigres.
Nous porterons ce projet auprès des élus et des techniciens de notre ville, et nous le diffuserons publiquement par voie de presse pour faire avancer la réflexion et nous espérons très rapidement, les réalisations !