Soumis par Jean Monestier le 18 mar 2009
Madame, Monsieur, nous voulons nous adresser à vous, de citoyen(ne)s adultes à citoyen(ne)s adultes, au sujet de l’avenir du Conflent. La presse nous a annoncé l’été dernier que le projet de route à 4 voies entre Ille et Prades était reconnu d’utilité publique par l’Etat. Par ailleurs, le climat de la planète commence à se détériorer à cause de notre utilisation accélérée des combustibles fossiles. Sur ce point, nos impressions individuelles ne peuvent pas nous renseigner. L’information fiable nous vient des 5000 experts mandatés par l’ONU (le GIEC) et s’appuie sur des travaux hors de notre portée, reliant des millions de mesures effectuées sur les cinq continents et les océans. Notre Etat reconnaît ce pronostic. Il s’est engagé à réduire les émissions de carbone de la France de 75% d’ici 2050.
Or les émissions stagnent et ne baissent pas. Si nous ne changeons rien à nos comportements, en particulier nos façons de nous déplacer, cette planète deviendra inhabitable, et le Conflent également. Aucune autre question, même celle qui nous tient le plus à cœur, n’aura alors la moindre importance.
Une nouvelle route à 4 voies, même déclarée « d’utilité publique », contribuera à dégrader le climat dont nous bénéficions. C’est irréfutable. Au Soler, le trafic automobile a triplé depuis la création de la section Perpignan–Ille. La solution ne peut se contenter de s’appuyer sur des voitures soi-disant « propres ». Aucune voiture n’est totalement propre, sauf la voiture à pédales. Il existe seulement des voitures moins « sales ».
De toute façon, c’est la consommation globale qui compte. C’est elle qui doit diminuer. Des véhicules brûlant deux fois moins de carburant au km sont les bienvenus mais combien de temps faut-il pour renouveler le parc automobile ? Et saurons-nous, non seulement résister au désir de faire davantage de ces kilomètres bon marché, mais en faire moins ? Car il faudra quand même aussi diviser le trafic par deux. Pas du jour au lendemain, ni, si possible, de façon autoritaire, mais c’est urgent.
Cette urgence ne se ressent pas dans les décisions prises actuellement par nos élus. L’utilisation de la voiture reste obligatoire si l’on veut mener une vie normale. Les transports en commun font du « ramasse-miettes » pour ceux qui n’ont pas le permis ou les moyens d’avoir un véhicule : les pauvres, les jeunes, les femmes, les personnes âgées.... Avez vous récemment vu un élu notable (maire, conseiller général, député...) prendre le train, pas devant les caméras de la télévision, mais dans une situation ordinaire ? Jamais ! Tous les gens « actifs » roulent en voiture.
En conséquence, 10.000 automobiles traversent tous les jours Marquixanes, dont plusieurs milliers vont directement de Prades à Perpignan. Utiliser un moyen individuel pour faire du transport de masse est globalement irrationnel. C’est la même chose que de vider une soupière avec des cuillères à café. C’est possible, mais on ne le fait jamais. Pour cela, on prend une louche. Et la louche, sur le trajet Prades-Perpignan, c’est le car, qui pollue un peu, roule plus lentement, mais peut aller partout, ou le train, plus confortable, qui ne pollue pratiquement pas, et pourrait rouler à 120 km/h en pointe entre Villefranche et Perpignan.
Avec 2.500 voyageurs de plus chaque jour sur cette ligne, il pourrait y avoir des trains plus fréquents, plus nombreux, plus tardifs, et le déficit se résorberait. Mais ces 2.500 voyageurs gardent leur voiture sur tout le trajet parce que le train reste actuellement inutilisable. C’est un cercle vicieux dont il faut sortir absolument, en passant de la politique actuelle de « ramasse-miettes » à une politique ferroviaire de « séduction efficace ».
Les 160 millions d’€uros annoncés pour la 4 voies doivent donc être utilisés pour un « développement vraiment durable » du Conflent, et non pour augmenter le bouleversement climatique.
Après la réfection à neuf de la voie ferrée, il est urgent d’effectuer des aménagements complémentaires de la ligne (barrières automatiques, quais, téléphones d’urgence, halte à Saint Charles) pour que les trains soient accessibles, vraiment rapides, fréquents, et donc réellement séduisants pour au moins 25% des automobilistes traversant actuellement Marquixanes. Ceci est un premier objectif que nous vous proposons.
Par ailleurs, il restera de l’argent, car la remise à niveau ferroviaire coûte beaucoup moins cher que la création de routes nouvelles. D’autres chantiers attendent, bien plus porteurs d’avenir. Les habitants de Marquixanes ont droit à une déviation. C’est une question d’équité démocratique. Mais aussi ceux de Ria, Serdinya et Joncet. En vertu de quoi promet-on à ces derniers une augmentation du trafic induite par 20km de route à 4 voies supplémentaires en aval et rien pour atténuer leur enfer de riverains ? Ou dans 10 ans ? 20 ans ? 30 ans ? Si l’argent est là, qu’il serve d’abord à les préserver des pollutions énormes et des risques qu’on leur impose, alors que les autres communes traversées le sont déjà, non à augmenter les émissions de carbone du département.
Peut-être pensez vous que ce sont nos élus qui prennent ces décisions et qu’ils savent ce qu’ils font ? Certes ils se sont vaillamment battus pour cette route, et on peut les en remercier. Mais il est trop tard. Excellent peut-être dans le contexte des années 70 ou 80, ce projet est aujourd’hui détestable, mortel même. Ils se retrouvent donc un peu dans la posture du colonel anglais dans Le Pont de la rivière Kwaï (film). Sauf que le pont n’est pas construit. Il est encore temps de changer d’avis, mais la tendance actuelle est de ne rien changer de fondamental. C’est à nous de les interpeller, nous les habitants du Conflent.
Nous avons des yeux pour lire, des oreilles pour écouter, une bouche pour parler, des mains pour écrire. Faisons-leur savoir massivement que nous désapprouvons la poursuite de ce projet, et que le budget doit en être consacré à des alternatives vraiment durables : des trains rapides et fréquents, des déviations au bénéfice des riverains. Si vous ne le faites pas pour vous, agissez pour vos enfants. Nos élus aussi ont des enfants, d’ailleurs. Cessons de parler de générations futures lointaines. Tous les enfants déjà nés seront confrontés à la crise écologique majeure que nous avons déclenchée.
La crise financière actuelle, qui est le fruit de règles du jeu économiques perverties, entre nous, les hommes, est une aimable fantaisie à côté de cette crise écologique Nous pouvons convenir entre nous de monnaies non spéculables. Il s’agirait seulement de jouer autrement. La Nature, elle, ne joue pas, et ne négociera pas les effets de nos émissions de carbone : sécheresses, canicules, tempêtes, précipitations intenses, sont annoncées par les experts. Des parades existent, mais nous devons changer nos comportements pour de bon,
- Pour un Conflent durable !
- Pour nos enfants !
- Pour nos successeurs !
- Pour la suite du monde !
SI VOUS ETES D’ACCORD AVEC TOUT CECI, SIGNEZ ET DIFFUSEZ CETTE LETTRE ! SI VOUS NE VOUS SENTEZ PAS CONCERNÉ, FAITES SUIVRE À UNE PERSONNE AYANT RESPONSABILITÉ D’ENFANTS !
Prades, le 18 janvier 2009.
Contact pour participer :
06 83 99 03 25 lefilduconflent@laposte.net
Signataires :
Jean Monestier, François Ferrand, Jacques Pons… Conflent Prades Avenir, Le Fil du Conflent, Vélo en Têt, Les Verts Catalogne Nord, La FNAUT Languedoc Roussillon... Action soutenue par ATTAC 66, Les Amis de la Terre Midi-Pyrénées, La Ligne d’Horizon...
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