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Boulevard Kennedy

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L'avenue John Fitzgerald Kennedy à Perpignan est une artère radiale qui relie la route D914 d'Elne-Argelès-Collioure (au Sud) au centre de la ville. Du Sud vers le Nord, elle commence au Rond-Point Kennedy, est rectiligne et longue d'environ 600 m. Après un feu tricolore, elle est prolongée par l'av. Pierre Cambres qui, à 200 m. de ce feu, au carrefour de la croix rouge, rejoint les boulevards circulaires ceinturant le centre ville (ici Bd. Aristide Briand et Henri Poincaré)

L'avenue est bordée de grands immeubles abritant des entreprises de bureaux ou commerciales, et des habitations (appartements). Un véhicule la parcourant du Sud au Nord, ne rencontre que deux petites voies adjacentes à droite, et du Nord au Sud, aucune. Il n'y a aucun tourne-à-gauche, mais un terre-plein central. L'avenue ne dessert donc localement que les activités des riverains, et accueille, outre un trafic de transit de plus longue distance, un trafic qui rejoint des quartiers situés immédiatement plus au Sud ou plus vers le centre ville.

Ces quartiers sont, vers le Sud :

  • Saint-Gaudérique,
  • Shakespeare,
  • Moulin à vent,
  • Vertefeuille.

Et vers le Nord :

  • le centre ville,
  • le Vélodrome,
  • La lunette.

L'ancien aménagement

L'avenue était aménagée autour d'un terre-plein central planté de petit palmiers avec, dans chaque sens, 1 voie de circulation automobile, une large bande cyclable, un espace de stationnement en épis, et enfin un trottoir. L'avenue était célèbre pour ces longues bandes cyclables entre la voie de circulation des voitures et le stationnement en épi, et, dans chaque sens, en permanence encombrées de voitures garées en double file. Les cyclistes (via l'association "Vélo En Têt") demandaient évidemment souvent qu'on fasse respecter ces bandes cyclables, sans obtenir autre chose que de la "tolérance" et de la "compréhension" pour les arrêts-minute des voitures. Les automobilistes eux-mêmes, qui pour certains se garaient sur ces bandes cyclables, ne comprenaient pas pourquoi elles n’avaient pas été placées entre le trottoir et le stationnement en épi, plutôt qu’entre la chaussée de roulement et le stationnement.

Néanmoins, ces deux larges bandes cyclables, permettaient :

  • une limitation des voies auto à 2x1 voies,
  • une limitation de la vitesse des voitures automobiles,
  • une visibilité des vélos et un respect des distances de dépassement,
  • un espace piéton libre de vélos,
  • un partage théorique de l'espace de voirie entre les différents modes.

Le nouvel aménagement

L'avenue a été réaménagée. Elle s'est transformée en une artère à 2x2 voies pour voitures, et les bandes cyclables ont disparu. On peut donc maintenant y rouler beaucoup plus vite en auto, et les vélos se débrouillent comme ailleurs pour survivre sur cette autoroute urbaine.

Perpignan est certainement la seule ville où, lors de ré-aménagements de voirie, des aménagements cyclables disparaissent !

Lors d'une entrevue avec la mairie, en 2007, on nous avait affirmé que le nouveau projet prévoyait une piste cyclable située entre les stationnements voiture et le trottoir. Mais rapidement, au cours de réunions publiques, auxquelles on oubliait de nous inviter, les projets présentés laissaient deviner un trottoir partagé piétons/vélos.

A la même époque, et à la suite d'autres aménagements, avec les piétons (représentés par l'association EPPO) nous publiions ensemble un communiqué de presse demandant un partage de l’espace plus équitable. Nous y dénonçions notamment les équipements cyclables aménagés sur les trottoirs comme les arceaux de stationnement vélo, mais aussi d'autres "trottoirs partagés piétons+vélos" (sur l'av. Paul Alduy, l'av. d’Espagne, l'av. Panchot, le Bd. Wilson, et bientôt l'av. Kennedy...) Nous écrivions : « C’est une grave erreur que de réduire le peu d’espace qui est dévolu aux piétons, mode de déplacement le plus vulnérable.Cela multiplie pour eux les obstacles qui sont déjà très nombreux : poteaux, panneaux, sucettes publicitaires, chevalets, poubelles, etc... Lorsqu’il n’y a pas la place de faire une piste ou une bande cyclable, les cyclistes peuvent être intégrés à la circulation en zone 30 effective ou bien en réduisant la place de la voiture en ville plutôt que celle des piétons. »

Le ré-aménagement de l'av. Kennedy a hélas fait le contraire :

  • on augmente l'espace alloué à la voiture,
  • on augmente la vitesse des voitures,
  • on contraint piétons et cyclistes à se partager le peu d'espace restant sur une avenue pourtant très large.

Prolongements

La disparition de ce segment d'itinéraire "cyclable" est d'autant plus dommage qu'il était prolongé par quelques autres segments qui pourraient un jour s'articuler avec lui en réseau :

  • à l'extrémité Sud de l'avenue, le Rond-point Kennedy est équipée avec bande verte « vélo » ;
  • plus au Sud, l'av. d'Argelès, en cours d'aménagement, prévoit une voie de bus mixte Bus/ Vélos ;
  • sur la rue Shakespeare a été peinte une bande cyclable et...
  • ...dans son prolongement, vers le Sud, la petite route de Saleilles (al Cami del pou de les Couloubres) fait l'objet d'une de nos propositions depuis 2005 : faire ici une liaison cyclable Perpignan-Saleilles ;
  • les quartiers résidentiels du Moulin à vent, de Vertefeuille, et le nouveau cinéma du Mas Balande (avec un "parc relais"), ont besoin d'un accès cyclable vers le centre ville ;

Politique cyclable

Le PDU de la communauté d'agglomération Perpignan-Méditerranée (CAPM), malgré de ronflantes déclarations d'intention de favoriser les modes alternatifs à la voiture, prévoit, de façon illégale, une hausse du trafic automobile. Dans notre analyse du PDU, lors de l'enquête publique, nous avions regretté de n'y trouver aucune évocation de la baisse de la vitesse des voitures en ville. Rien non plus dans ce document sur la mixité piéton-vélo sur les trottoirs, qui ne satisfait pourtant ni les piétons, ni les cyclistes. Elle n’est qu’un pis-aller à l’absence d’aménagement cyclable, et témoigne en général d’un refus de réduire l’espace de la voiture, ou de réduire sa vitesse en créant des zones 30. Cet aménagement de l'av. Kennedy traduit donc en actes les vraies orientations de la politique de La ville de Perpignan et de la CAPM.

Promesses

Le plus malheureux dans cette histoire c'est qu'on nous promet maintenant que cette avenue sera très prochainement ré-aménagée pour y voir apparaître, à la place d'une voie voiture dans chaque sens, des voies de bus autorisées aux vélos !

Youpie... Mais alors pourquoi détruire les voies cyclables, offrir 2x2 voies aux voitures pour les reprendre quelques mois plus tard ? Lorsque nous avons si souvent réclamé un ré-équilibrage de l'occupation de l'espace urbain en faveur des modes doux, nous avons assez souvent entendu cet argument : «il est difficile de prendre aux automobilistes un espace qu'ils ont l'habitude d'occuper».

Si c'est si difficile, alors que l'on cesse au moins de leur en offrir de nouveaux !

P.S.: 

Vous pouvez télécharger un diaporama (8 MO) que nous avons réalisé pour dénoncer l'absurdité de cet aménagement.