Le respect de la loi

Le respect de la loi devrait favoriser la bicyclette. Mais qui l’observe ? Pas même les agents de police, ni les aménageurs de la ville…

Les voitures garées partout.

Où est le civisme des ces conducteurs garés n’importe comment : sur les trottoirs, sur les passages piétons, sur la chaussée, et bien sûr, sur les pistes cyclables ? Je ne crois pas qu’un automobiliste se garerait ainsi n’importe où pour acheter sa baguette de pain ou ses cigarettes si une seule fois il avait récolté une amende de classe 4 pour stationnement gênant.

Pourquoi classe 4 ? Parce que c’est la loi. L’article R-233-1 du code de la route, second alinéa, qualifie de contravention de 4ème classe, « l’arrêt ou le stationnement gênant […] sur chaussée, voies, pistes, bandes, trottoirs ou accotements réservés à la circulation des véhicules de transport en commun et autres véhicules spécialement autorisés » . Ça signifie un retrait de 3 points sur le permis et une amende de 100 à 1 000 Euros. Mais nous avons plusieurs fois fait l’expérience de policiers qui refusent même de faire circuler des automobilistes garés sur des bandes cyclables, en invoquant une certaine tolérance… Donnons à ces policiers les directives et les

La loi sur l’air (LAURE) (Loi sur l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Energie, dite aussi Loi Lepage, du nom de Corinne Lepage, ministre de l’environnement)

Elle prévoit que les agglomérations favorisent les modes de transport doux et œuvrent pour « la diminution du trafic automobile ». Et elle cite les moyens pour atteindre cet objectif: « Le développement des transports collectifs et des moyens de déplacement économes et les moins polluants, notamment l’usage de la bicyclette et la marche à pied. » Or, les cyclistes et les piétons peuvent témoigner que ces modes de déplacement là sont loin d’être encouragés ni favorisés dans la CATM et en ville. Et enfin, le législateur prévoyait en 1995 que « chaque réalisation ou rénovation de voie urbaine doit être accompagnée de nouveaux itinéraires cyclables ». Texto ! Hélas, combien d’avenues et de boulevards a-t-on vu être rénovés en ville depuis 1995 ? Et combien de pistes cyclables ont été aménagées ?

Le violon et le vélo

Cheveux longs, tresses, sandales, 12 ou 13 ans. Elle semblait faire de son voyage jusqu’à son cours de violon, un moment de plaisir, une promenade dans la ville, une glissade au travers de « la Réal », un survol du pavé.

Un conducteur de voiture suivait cette jeune fille. Coups d’accélérateur, coups de volant, coups de frein… Excédé par sa vitesse trop faible, il faisait vrombir son moteur, faisait mine de vouloir forcer son passage, quitte à renverser la jeune fille.

Celle-ci avait changé d’attitude. Elle rasait maintenant le trottoir au risque de trébucher sur la bordure, de rouler dans une bouche d’égout, ou de percuter un piéton ou une portière. Elle donnait de rapides coups de tête à gauche et en arrière pour apercevoir cet agresseur qui lui niait le droit de rouler à cet endroit. Finalement, angoissée et fatiguée de lancer des regards, la jeune cycliste s’est échouée contre le trottoir et a posé pied à terre, pour se débarrasser de son poursuivant. Son visage ne montrait pas de rage ou de colère, juste une résignation qui faisait comprendre que cette mésaventure n’était pour elle qu’une quotidienne anecdote. Elle a regardé le bolide s’engouffrer sur la chaussée enfin libre, accélérer bruyamment, et s’immobiliser quelques centaines de mètres plus loin, dans une file de voitures coincées dans un embouteillage.

Puis elle est remontée en selle. Elle avait perdu sa joie de se déplacer à bicyclette, un charme s’était rompu, et à la place une certaine crainte s’était installée. Une espèce de dégout, le sentiment de ne pas être à sa place en ville, et l’idée que demain il vaudrait peut-être mieux se faire accompagner en automobile.

Cette scène se reproduit chaque jour dans notre ville, et pourtant nul autre endroit ne se prête mieux à l’utilisation de la bicyclette. Les trajets sont courts, le vélo est rapide et silencieux, il se gare facilement et sans embêter personne. Sans polluer, sa simple vue donne à la ville une ambiance paisible. Malgré tout cela, chaque jour des cyclistes se découragent de l’utiliser tant la ville est conçue dans l’intérêt exclusif de l’automobile.

Quand la traversée de la ville par les petites rues sera-t-elle interdite aux voitures ? Quand les transports en commun auront-ils des voies réservées sur les rondas ? Quand prévoira-t-on des itinéraires piétons et cyclables pour accéder au centre ville depuis les quartiers périphériques ?

Des places et des rues piétonnes, des marchés, l’ombre des platanes, des petits commerces, des vélos dans une ville calme et silencieuse, tout cela se fera sans doute à Marseille ou à Toulouse, à Avignon, à Nîmes ou Montpellier, à Gérone, mais pas à Perpignan. Mais alors, quel est le projet pour notre ville ? Voiture-city ?