Une vision erronée du vélo

Au vu des équipements cyclables qui fleurissent dans notre département, il est urgent de rectifier la vision que beaucoup de techniciens, bureaux d’études et élus ont des mobilités actives.
A ce jour, les équipements proposés relèvent le plus souvent de la balade dominicale ou touristique avec les enfants que du déplacement rapide pour se rendre au travail ou pour la livraison d’un colis urgent. Le vélo est perçu comme un loisir tranquille, alors que dans le code de la route, il est un véhicule à part entière.

Les enjeux de réduction des émissions de gaz a effet de serre et des émissions de particule fine sont pourtant dans le basculement de nos usages de l’automobile au quotidien vers les mobilités actives.
En effet, selon une étude publiée par l’AURCA en 2019, la moitié des déplacements pendulaires (domicile travail) sur l’étendue du ScoT de la plaine du Roussillon font moins de 5 km. Ces déplacements pendulaires représentaient en 2012 plus de 150 000 déplacements par jour.
Les enjeux sont bien là, avec moins de 2 % de déplacements en vélo, la marge de progression est énorme.
Bien sûr, les mobilités sont aussi touristiques et de loisir et les équipements proposés doivent concilier tous les modes de déplacements actifs.

Pour cela, il faut stopper les réalisations non conformes : trottoirs partagés qui malgré le sentiment de sécurité qu’ils engendrent amplifient les conflits d’usage entre les piétons et les cyclistes avec des différentiels de vitesses incompatibles. Ils sont totalement interdits par les codes en vigueur.
De la même façon, entre les communes de la proche couronne Perpignanaise, génératrice des principaux déplacements, des pistes dédiées, rapides, sûres, directes et calibrées sur une projection décennale des déplacements actifs doivent être mises en œuvre si nous voulons avoir une chance de réussir ce basculement des mobilités.
Le vélo peut être perçu comme un loisir tranquille, un sport de haut niveau, mais il est avant tout un véhicule, fragile, mais efficient, non polluant, peu coûteux, rapide au regard des vitesses moyennes automobiles, vecteur d’emploi et de développement économique.

Il faut absolument que les aménageurs fassent évoluer leur vision des mobilités actives et proposent de vrais équipements en réponse à ces enjeux : des voiries pour tous les véhicules et des trottoirs pour les piétons.
La ville n’étant pas extensible, nous revenons à un partage de la voirie avec les autres véhicules, donc, une réduction de la place de la voiture dans nos déplacements quotidiens. Un schéma cyclable commence toujours par une projection d’un plan de circulation définissant les emprises actuelles et projetés des déplacements et stationnements automobile, par conséquence, la place laissé aux autres mobilités et aménagements.
Transformer des trottoirs en pistes cyclables revient seulement à déplacer les conflits d’usage de la route vers les trottoirs et non à traiter le problème des mobilités.

Un panneau bleu fait il une autoroute ?

Retour sur les lois LOM et LAURE

En obligeant l’aménagement d’itinéraires cyclables à l’occasion des réalisations ou rénovation de voies, la loi dite LAURE (article 20 de la loi n° 96-1236 sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie) a enfin permis la prise en compte de ce moyen de déplacement dans les aménagements urbain et routier. La loi LOM du 24 décembre 2019 a introduit des changements majeurs favorisant l’usage du vélo en précisant certains points de la loi LAURE que des jurisprudences avaient permis de contourner.
La LOM fait donc œuvre de clarification, en précisant explicitement que les différentes options envisagées par la loi ne permettent pas d’échapper à l’obligation d’aménagement d’itinéraires cyclables. Elle étend également, sous une forme atténuée, cette obligation d’aménagement aux voies interurbaines. Enfin, elle ajoute une obligation de maintien de la continuité des itinéraires existants à l’occasion de la construction ou de la réhabilitation d’infrastructures de transport terrestre ou fluvial.

Équipement cyclable ou Street-Art ?

Cependant, même si ces textes sont la plupart du temps appliqués, qu’en est il des équipements cyclables proposés. La loi LOM et la loi LAURE ne permettent pas de contourner le code de la route et ses définitions.
Viendrait il à l’esprit d’un bureau d’étude ou d’une municipalité d’implanter une signalisation autoroutière sur une voie communale et cette signalétique serait elle suffisante pour transformer un chemin de vigne en Autoroute ? La réponse semble évidente. C’est pourtant cette démarche qui prévaut lors de la peinture de pictogrammes vélo sur les trottoirs ou de la pose de signalétique voie verte. En effet, le Code de la Route est clair dans ses définitions. L’article R-110-2 précise :
bande cyclable : voie exclusivement réservée aux cycles à deux ou trois roues et aux engins de déplacement personnel motorisés sur une chaussée à plusieurs voies ;
chaussée : partie (s) de la route normalement utilisée (s) pour la circulation des véhicules ;
piste cyclable : chaussée exclusivement réservée aux cycles à deux ou trois roues et aux engins de déplacement personnel motorisés ;
voie de circulation : subdivision de la chaussée ayant une largeur suffisante pour permettre la circulation d’une file de véhicules ;
voie verte : route exclusivement réservée à la circulation des véhicules non motorisés à l’exception des engins de déplacement personnel motorisés, des piétons et des cavaliers ;
L’application des lois LOM et LAURE ne saurait être complète sans un respect du Code de la Route et de ses définitions.
L’interprétation qui en est faite dans les Pyrénées-Orientales relève donc plus du Street-Art que des textes en vigueur.

Pour une publication de plans de mobilité

Non seulement la plupart des pseudo-équipements créés sont non conformes, mais aussi dangereux et contre-productifs. Comment inciter à l’usage des mobilités douces alors que ces équipements sont inutilisables. L’article L,228-2 du code de l’environnement précise :
«A l’occasion des réalisations ou des rénovations des voies urbaines, à l’exception des autoroutes et voies rapides, doivent être mis au point des itinéraires cyclables pourvus d’aménagements prenant la forme de pistes, de bandes cyclables, de voies vertes, de zones de rencontre ou, pour les chaussées à sens unique à une seule file, de marquages au sol, en fonction des besoins et contraintes de la circulation. Lorsque la réalisation ou la rénovation de voie vise à créer une voie en site propre destinée aux transports collectifs et que l’emprise disponible est insuffisante pour permettre de réaliser ces aménagements, l’obligation de mettre au point un itinéraire cyclable peut être satisfaite en autorisant les cyclistes à emprunter cette voie, sous réserve que sa largeur permette le dépassement d’un cycliste dans les conditions normales de sécurité prévues au code de la route.
Le type d’aménagement de ces itinéraires cyclables doit tenir compte des orientations du plan de mobilité, lorsqu’il existe.»
Effectivement, comment réfléchir à un aménagement sans vision globale des mobilités.
Mesdames et Messieurs les élus et techniciens, arrêtons de perdre du temps et de l’argent. Il serait temps que les textes de loi soient appliqués et que ces plans de mobilité soient réalisés et mis en œuvre.

Accident à vélo : vos retours nous intéressent !

A vélo, nous circulons sans pare-choc ni carrosserie. En cas d’accident, dans le meilleur des cas, cela impressionne beaucoup, dans les autres cas, ça peut faire très mal. Pour mieux comprendre les conditions des accidents mettant en cause des cyclistes, Vélo En Têt a créé un questionnaire en ligne que chacun peut remplir anonymement. Que l’accident ait eu lieu avec un piéton ou une voiture, seul en glissant sur le marbre mouillé, de nuit ou de jour, votre retour nous intéresse. Nous avons besoin de vous pour y participer et le partager autour de vous.

Les modes de déplacement doux au ralenti ?

Dans le Rapport 2014 sur la situation en matière de développement durable de la ville de Perpignan, on trouve en page 28 les projets en matière de mobilité pour 2015 :

1,2 km de pistes cyclables en plus contre 5 en 2013 et 4 en 2014 ! Et aucun engagement chiffré pour les zones 30 dont les double-sens cyclables (DSC) constituent la majeure partie des aménagements pour cyclistes ! Pour mieux apprécier ces annonces, regardons ce qui a été réalisé ces dernières années, en prenant comme source les éditions précédentes de ce rapport (total des km de voirie aménagés):

Il y a un donc un net ralentissement de la mise en place des aménagements cyclables et un avenir incertain pour la généralisation des zones 30. Et ce n’est pas un effet de saturation. Il reste encore de dizaines de kilomètres de voirie à équiper de pistes et de bandes cyclables : les rondas, les axes vers les quartiers et les communes voisines… À 1,2 km par an, cela prendra des décennies.

C’est pareil pour les zones 30. Des quartiers entiers ne sont pas encore passés en zone 30 sans qu’on voit une raison apparente pour cela. Ne prenons que l’exemple de Las Cobas où toute la partie au nord de l’avenue Mermoz n’est pas encore en zone 30.

Vous trouverez tous les rapports sur la situation en matière de développement durable sur le site de la mairie

Réaction à la polémique sur les infractions au code de la route que commettent parfois les cyclistes

Le Conseil national de la Sécurité routière a proposé le 8 décembre 2014 un système d’amendes aux cyclistes.

Bien entendu, Vélo En Têt encourage les cyclistes à respecter le Code de la Route mais explique ses positions par rapport à ce sujet.

Ne pas se tromper de problème :

N’inversons pas les rôles : les principaux responsables des accidents de la route ne sont pas les cyclistes. Un accident provoqué par un cycliste reste rare et le cycliste lui même est très vulnérable. Quant au piéton, le véritable danger pour lui reste le véhicule motorisé La responsabilité de la violence routière et des morts par la pollution doit être imputée aux véhicules motorisés et non aux victimes.

Le code de la route est fait pour les voitures :

La circulation majoritaire est celle des automobilistes et le code de la route est fait pour eux : Ies feux tricolores, les giratoires et les sens interdits organisent la circulation des voitures. Il faut savoir que ceux-ci allongent les trajets des cyclistes d’environ 20%. Ce code de la route n’est pas adapté aux autres usagers de l’espace public en ville.

Circuler en ville pour les cyclistes est souvent difficile et parfois dangereux :

Oui, il arrive aux cyclistes de passer au feu rouge :

  • pour devancer le flot motorisé avec ses nuisances (bruit, pollution)
  • s’ils constatent qu’ils risquent rien et ne gênent personne
    • Des expériences positives de « tourne à droite «  pour les vélos ont été menées
  • Oui, il arrive aux cyclistes de prendre un sens interdit, parce qu’il est moins dangereux de croiser des véhicules que de se faire doubler par eux
    • D’où l’existence de Double Sens Cyclables
  • Oui  ils roulent parfois sur les trottoirs quand les aménagements sont inexistants ou discontinus, ils cherchent en général à « sauver leur peau ». D’ailleurs si ce n’est pas agréable pour les piétons bien sûr, il faut savoir que ce n’est pas du tout confortable pour les cyclistes non plus

Nous ne défendons pas ces comportements, nous cherchons à les expliquer.
Nous disons que pour améliorer la sécurité en ville, il faut encourager le vélo qui est un mode de déplacement sûr et sain

1/Pour cela, il faut limiter la circulation des voitures en ville, abaisser systématiquement leur vitesse et encourager la pratique cycliste notamment avec une cohérence et une continuité des aménagements : il a été démontré que plus il y a de cyclistes dans une ville, moins les voitures vont vite et plus il est agréable d’y vivre.

2/Il faut réaliser les aménagements favorables aux modes de déplacements doux
Les véhicules motorisés ont envahi l’espace public, au détriment des usagers les plus vulnérables. On en prend de plus en plus conscience aujourd’hui et des évolutions favorables au partage de la voirie sont proposées avec la notion de « Code de la rue »  et de dispositions spécifiques : double sens cyclables, tourne à droite aux feux, zones de rencontre, zones 30, priorité à l’usager le plus vulnérable ..

Il faut que les villes généralisent ces aménagements relatifs qui aident à réduire les accidents, leur gravité et facilitent la circulation des cyclistes.

Mais par exemple la loi qui généralise les double sens cyclables en ville n’est pas suffisamment appliquée : à Perpignan VÊT a dû faire une action en justice (4 ans de procédure) pour que ce fait soit reconnu…

3/ Il faut communiquer sur le partage de la rue et sur la place de chacun dans l’espace public, débattre sereinement des règles d’un espace public réinventé, apaisé et libéré de la vitesse, du bruit et de la pollution

Articles de presse sur ce sujet :

Mauvais arguments contre les mauvais cyclistes (Rue89)

Les 10 raisons pour lesquelles les cyclistes commettent des infractions au code de la route (Le Monde / Blogs)

Six ans de location BIP

Historique

BIP (Bicyclette Perpignan) est le service de vélos en libre service de la ville de Perpignan. En février 2008, juste avant les élections municipales, Clear Channel a été retenu pour la mise en place et la gestion de ce service sur des critères qui ne nous ont pas été communiqués, et malgré des critiques de Vélo en Têt tant sur l’emplacement des stations BIP que sur l’absence de possibilité de prendre un vélo avec une simple carte bleue. Nous n’avons pas eu connaissance du contrat passé pour 10 ans entre la Mairie de Perpignan et Clear Channel en 2008

Ce que nous avons pu savoir par la suite:

  • le contrat est basé sur l’abandon des droits de location sur les panneaux publicitaires figurant sur les abribus de la ville. Il semblerait que cela représente environ 800.000 EURO/an.
  • en compensation Clear Channel met à disposition 15 stations BIP équipées chacune de 20 vélos et en assure le fonctionnement et la maintenance.

La situation après 6 ans

Le nombre d’abonnements (dont 1000 gratuits la première année) est en chute continue: 1800 en 2008, 700 en 2009, puis 600 jusqu’à 300 cette année. En cause, sans doute, la mauvaise implantation des stations (3 ont été déplacées) qui sont trop localisées au centre-ville (où l’on peut se déplacer à pied, ou avec un P’titbus gratuit), alors que nous demandions qu’elles soient placées en première couronne et en étoile afin de permettre aux habitants des zones pavillonnaires ou des quartiers HLM de converger vers le centre sans avoir besoin de prendre leur voiture ou un abonnement aux transports en commun.

Sans doute aussi le mauvais équipement des vélos qui au départ ne disposaient pas d’antivol, et qui souffrent toujours de leurs petites roues et d’un panier peu pratique à l’avant. Et enfin de la médiocre « cyclabilité » de Perpignan qui est très en retard dans le domaine des transports doux.

Le dernier handicap de BIP est son coût rédhibitoire d’extension. En effet toute installation d’une station supplémentaire est à la charge exclusive de la Mairie et représente un investissement de départ de 150.000 EURO et une extension du contrat pour la maintenance… (non chiffrée).

Dernier point: l’agglomération de Perpignan qui représente 250.000 habitants compte presque un vélo par habitant (zone plane et très ensoleillée), si bien que nombre de cyclistes utilisent leur vélo personnel. C’est aussi une des causes de la désaffection de BIP qui ne marche bien que pendant « Visa pour l’Image » fin août début septembre, avec la location à la semaine (enfin permise depuis 2 ans) par les photo-reporters accourus en nombre du monde entier.

A lire sir ce site : Louer un vélo à Perpignan
Le site de BIP

Indemnité Kilométrique

Récemment, la Sotranasa a présenté sa mesure expérimentale lors d’une conférence de presse : l’indemnité kilométrique pour ses salariés se rendant au travail à vélo. En effet, le Plan d’Actions pour les Mobilités Actives lancé le 5 mars dernier par le ministère du Développement Durable prévoyait une expérimentation de la mesure auprès d’entreprises volontaires. La Sotranasa fait partie des 19 entreprises française testant cette innovation.

Le 20 Septembre dernier au matin, sur le site de l’entreprise, près de l’abri vélos fraîchement repeint, la conférence de presse à réuni une bonne vingtaine de personnes : élus, associations, dirigeants, salariés et diverses curieux. On y retrouvait bien sûr des membres de Vélo en Têt ainsi que Jean-Michel Henric, élu à la mairie de Perpignan en charge des questions de mobilité. Après les présentations générales du pourquoi, du comment et du avec qui, quelques interactions public/présentateurs sous forme de questions-réponses ont apporté des précisions. Il y a eu aussi quelques perches tendues à la mairie et l’agglomération pour en faire plus pour le vélo.

L’article de l’Indépendant

Notre association avait été consultée les jours précédents par l’Indépendant, qui souhaitait connaître notre position sur cette mesure, afin de faire un article plus complet sur ce sujet. Trouvant la position de la Fédération des Usagers de la Bicyclette tout à fait pertinente, nous avons transmis l’article en question à la rédaction, tout en précisant que cette mesure était une bonne initiative mais que l’augmentation de la pratique du vélo nécessitait avant tout une amélioration de la cyclabilité de Perpignan : en priorité avoir une cohérence et une continuité du réseau cyclable.

Vous pouvez voir ci-contre l’article de l’Indépendant, paru le matin même de la conférence de presse. L’article présente l’affaire comme une carotte donnée aux cyclistes pour qu’ils roulent plus et se fassent de l’argent, tout en faisant de la place aux voitures sur la chaussée. L’indemnité kilométrique pour les voitures, permettant un abattement d’impôt,  est proportionnelle à la puissance fiscale (bien que plafonnée à 7CV depuis 2013), et elle est supérieure aux coûts kilométrique d’usage et donc clairement incitative aux déplacements motorisés. A-t-on vu un article titrant « auto-boulot-magot » pour autant ? Non. L’idée est juste d’être plus juste, de rétablir l’équilibre depuis trop longtemps laissé tel quel. D’ailleurs, si en France cela relève de l’expérimental et de l’innovation, d’autres pays européens l’ont mis en place depuis longtemps à des tarifs variables : 21c€/km pour la Belgique depuis 1997, 19c€/km pour les Pays Bas depuis 1995, 24c€/km pour l’Autriche puis 47c€/Km au delà de 6 Km, 15 c€/Km au Royaume-Uni,… Et les cyclistes ne seront pas les seuls à s’en mettre plein les poches, puisque l’étude du Ministère prévoit 570 M€  par an  d’économie (santé, environnement,…) contre 170 M€ par an de coûts de cette mesure.

L’article laisse ainsi croire à une mesure supplémentaire pour le vélo dont tout le monde devrait se féliciter: « Voyez ce qu’on fait pour le vélo ! C’est beaucoup hein ?! ». Non, ce n’est pas beaucoup, c’est normal de reconsidérer enfin le vélo en tant que mode de déplacement comme un autre, ce qu’a aussi fait l’INSEE. Le grand pas en avant serait de cesser de subventionner le déplacement automobile en mettant fin aux indemnités kilométriques pour les déplacements motorisés individuels. Ce qui n’est pas le cas ici. Modérer les vitesses autant que les propos, c’est cela avoir une vision globale.

Concernant l’indemnité kilométrique pour se rendre à vélo au travail, la position de l’association Vélo En Têt rejoint celle de notre Fédération nationale, la FUB. Elle s’est exprimée à ce sujet dans un des articles de son journal dont vous trouverez plus de détails sur le lien suivant : http://www.fubicy.org/IMG/pdf/VC_124_INDEMNITE_KM_VELO-2.pdf. Quant à la situation locale, Vélo En Têt se félicite de l’initiative de l’entreprise Sotranasa, établie au secteur St Charles. Le succès de cette mesure reste subordonnée à l’amélioration de la cyclabilité de Perpignan, en priorité cohérence et continuité du réseau cyclable. Ce à quoi Vélo En Têt aspire! » 

Courez pour traverser !

Il me semblait avoir lu, dans la presse locale de juillet 2008 qu’une passerelle allait être installée sur la Têt, entre juin 2009 et octobre 2010. Le Théâtre de l’Archipel est désormais opérationnel mais on accède toujours aussi mal au centre de la ville, en venant du Bas-Vernet, j’entends, par des moyens qualifiés de « doux »

Que fait-on pour relier les deux berges de la Têt ?

Contrairement à d’autres villes comme Gérone où le nombre de passerelles piétonnes fait pâlir ! Ici, on préfère bâtir des ponts, des pénétrantes, de splendides giratoires fleuris, des tunnels pour aller encore plus vite sous les giratoires, des quatre-voies, voire six-voies qui facilitent les accès à notre bonne ville. Les deux passages à gué de la ville sont désormais remplacés par des ponts flambant-neufs mais la passerelle reste un joli projet non suivi d’effets… Piétons, cyclistes, handicapés, sont-ils des sous-citoyens au regard de l’automobiliste ? Des efforts sont accomplis en ce qui concerne les transports en commun, avec le bus et le train à un euro, mais permettre aux deux-roues non motorisées et aux piétons de se déplacer plus facilement ne peut qu’avoir un impact bénéfique sur l’air que nous respirons donc sur notre santé, celle de nos enfants, celle de notre planète. Sortons un peu de nos véhicules et goûtons le plaisir de la marche dans Perpignan : guerre ouverte avec les voitures omniprésentes, trottoirs barrés de croix de Saint-André, passage-piétons inexistants ou si éloignés que tout le monde traverse n’importe-où, le comble étant le passage peint le long de l’avenue Briand, sur le trottoir, afin d’éviter que les voitures stationnent partout…

Dernier exemple

Devant les Galeries La Fayette, le croisement réaménagé avec des réducteurs de voies.. Déjà qu’il est périlleux de rouler sur le sens interdit autorisé aux vélos, maintenant, c’est impossible, mais les trois voies sont maintenues, pas question d’empêcher les automobiles de passer… alors les cyclistes sont sur le trottoir… et les piétons attendent aux feux, joliment agrémentés de pancartes : «appuyez puis attendez»… Vu le peu de secondes dévolues au passage du marcheur, je propose qu’on ajoute : «enfin, courez pour traverser».

Perpignan, ville verte ?

**Un magazine de la municipalité affiche en première de couverture : «Perpignan, ville verte» !
C’est de l’humour ?**

– Les végétaux du centre de l’avenue Leclerc ont été « enlevés »,
– les sept eucalyptus du chemin de la Passio vella ont disparu en une journée,
– les pins de l’avenue Paul Alduy se sont envolés
– …

Les arbres font place au goudron et au béton, dans notre ville « verte »… Il est vrai que nulle législation ne les protège…

Un bâtiment démoli ? Vite, du macadam pour les voitures.

Allez donc admirer la splendide place Cassanyes : les toilettes publiques ont été supprimées, les casemates des commerçants, rasées. Le goudron règne, joliment décoré de bandes blanches pour aligner les véhicules… Des bancs ? point. Des fontaines ?nenni. Des jeux pour les enfants ? et puis quoi encore ? Bon, réjouissons-nous, on a échappé à l’abattage de tous les platanes…

Heureusement, il y a le centre des ronds-points, joliment arboré ! On admire ces jardins, à toute vitesse, par la fenêtre de nos véhicules… quoique… si les carburants augmentent encore, toutes nos autoroutes, pénétrantes, giratoires, nous ayant coûté un argent fou deviendront accessibles aux piétons, bicyclettes, triporteurs, trottinettes… et il nous faudra réapprendre l’usage de nos jambes et la lenteur… bien meilleures pour notre santé et notre planète.

Petit billet d’humeur

Rencontré, hier matin, un individu dans la rue qui s’est baissé pour ramasser la crotte de son chien ! Failli arrêter mon vélo d’urgence pour le féliciter mais me suis ravisée : il allait peut-être mal le prendre et croire que je me moquais de lui !

En vérité, on est très susceptible à Perpignan, sur la propreté, sur la pollution, et on critique un max, en balançant ses papiers et canettes dans la rue, en utilisant un sac en plastique à chacun de ses achats, en prenant son véhicule pour faire une mini-course, en y enfournant ses enfants pour les conduire à l’école, à quelques centaines de mètres de la maison…Mais il y a toujours un bon prétexte : il fait froid, ou trop chaud, ou c’est trop loin, ou on est pressés, ou le plus hypocrite : on y va en passant pour aller ailleurs… Résultat : des enfants qui ne connaissent ni leur rue, ni leur quartier, ni leur environnement immédiat, qui ne sont plus capables de marcher une petite demie-heure, ni de rester debout 5 minutes, toujours fatigués… Une génération d’assis… devant les écrans, dans les voitures, dans les canapés, sur les chaises à l’école… (non, pardon, pas assis mais vautrés…). Se baisser pour ramasser une crotte me paraît donc un geste tellement peu usité, de nos jours ! C’est comme le petit geste de la main pour dire merci, quand je m’arrête en côte et que je me couche pratiquement sur le trottoir pour laisser fort courtoisement passer un véhicule pressé (il travaille, lui !)…. C’est tellement rare qu’il m’arrive d’arrêter ensuite le conducteur en le doublant au carrefour suivant pour le remercier à mon tour… Les traditions se perdent… la banale humanité aussi.

Notre ville qui soi-disant doit être accueillante «Soyons les ambassadeurs de notre région», (il fallait l’oser) et où, soi-disant, il fait bon vivre, est hostile aux piétons, aux deux-roues, aux parents avec poussettes, et aux handicapés….

Il faut se battre pour traverser sur les clous, quand on en trouve, des clous ( j’ allais dire : des clous !)…

Sur le boulevard des Pyrénées, il y avait un feu, devant l’école et le collège, pour permettre aux enfants de traverser et de rejoindre les arrêts de bus… Le feu tricolore a disparu, il devait empêcher les autos d’aller assez vite… maintenant, il y a des barrières, pour empêcher les piétons de se faire tuer et permettre aux autos de rouler sans entraves !

On a l’impression que tout ce qui a un rapport avec la qualité de vie est inconnu, ici. Par contre, tout ce qui touche le commerce, le rapport, ça marche bien !

Il y a une vingtaine d’années, la place Arago était occupée par un groupe de quelques messieurs bavardant, presque tous les matins… Sont-ils tous morts? Peut-être sont-ils maintenant installés aux terrasses des cafés ?

Mon petit coeur de Perpignanaise s’angoisse à l’idée des travaux qui ont débuté place Cassagnes. Les toilettes publiques (avant-dernières de la ville, les dernières sont au palais de justice) vont disparaître, les baraques des marchands, aussi. Quel désert minéral agrémenté de petites pissotières au ras du sol va-t-on nous proposer ? On ne peut que trembler car les places de Catalogne, Arago, Gambetta, de la Victoire et de la République sont particulièrement inhospitalières, peu ombragées, peu pourvues de bancs, sans toilettes publiques…, sans fontaines pour se désaltérer… Si accueil il y a, c’est aux touristes argentés, qui s’abreuvent aux terrasses de cafés, paient les parkings et les parcmètres…

Bon nombre des gens de mon entourage ne savent pas qu’on peut prendre le bus… qu’il y a des bus de l’Agglo… que ça ne coûte pas si cher…. C’est vrai qu’on est quand même coincés dans des embouteillages dignes de la région parisienne ! Alors, on préfère être coincés, mais avec sa radio, sa musique, son air conditionné, son propre chauffage. «Propre» est à prendre à double sens évidemment… Dans les transports publics, on ne rencontre que des jeunes, ou des vieux. La tranche d’âge à partir de 18 ans (tu seras un homme, mon fils puisque je te paie ton permis et ta bagnole et que, sans voiture, on n’est rien… on n’existe même pas.) est dans les embouteillages, à râler parce que ça n’avance pas… Faudrait faire un tunnel qui passerait sous la ville, pour éviter Perpignan… comme on construit un tunnel sous le rond-point d’Auchan… Est-ce que ça coûte plus qu’un tramway, tout ça ? Les travaux de la pénétrante ouest ? La mise à 6 voies de l’autoroute ? Les ponts en veux-tu, en voilà sur notre petit fleuve ? La seule solution pour qu’il y ait moins de véhicules, c’est de les empêcher de rouler ! pas de leur faciliter le passage ! J’en ai assez que mes impôts servent à installer du goudron à profusion!

On nous dit que les bips ont fait un flop… la compagnie Clear-Channel va-t-elle démonter tous les panneaux publicitaires éclairés et déroulants, tous les abri-bus installés dans notre ville en contrepartie de ses similis bicyclettes ?

Comment repeindre en vert la publicité ? En « offrant » un service soi-disant écologique ! Le tour est joué ! Qui en fait les frais ? Une population de plus en plus abrutie par les messages publicitaires et incapable de penser par elle-même… de se déplacer par elle-même… toujours plus dépendante des biens de consommation… toujours plus dépendante des énergies fossiles.. et à qui on assène qu’on ne peut faire autrement !

Quant à cette hypocrisie appelée « Semaine de la mobilité » ! A Perpignan, on devrait la rebaptiser »Semaine de l’immobilité » : immobilité au volant, dans les embouteillages !

C’est toute l’année qu’il faudrait être mobile, et indépendant de nos « chères » voitures !