Soumis par Thibaut LEGAYE le 18 mar 2012
**Relisons le «journal de Perpignan» de Janvier 2012 (n°9, Bimestriel), qui titrait fièrement :**
## Une grande voirie digne d'une grande ville
Toutes les «citations» ci-dessous en sont fidèlement tirées...
Sous ce titre conquérant, la commune nous annonce en effet que de coûteuses mais «ambitieuses voies de contournement» vont «positionner la ville dans la modernité»... Ce poncif ne cache hélas plus une poursuite aveugle de «la fluidification de la circulation», qui était peut-être moderne en 1970, mais est aujourd'hui le crime écologique et social de l'urbanisme ringard. Quelle dignité trouve-t-on alors à poursuivre aujourd'hui les erreurs du passé ? À couvrir de bitume des hectares de terres cultivables ? À morceler le tissu urbain en lotissements dortoirs ici, et en vastes parkings de zones commerciales hideuses là, quand les autres grandes villes de France conjuguent leur efforts en faveur des alternatives à l'automobile. Notre bon maire dans son édito s'excuse des «nuisances» des travaux pour ses administrés mais les «invite à prendre de la hauteur» (sic) pour entrevoir «ce qui sera dans un futur proche un réseau routier cohérent». Hélas, le futur proche nous réserve de plus graves et durables nuisances de l'automobile, une dispersion de l'habitat qui rend d'ores et déjà les transports en commun inefficaces, une agriculture toujours plus éloignée des villes, et des énergies fossiles dont le prix a déjà pris plus de hauteur que cette vision à ras du bitume.Mais, tout en sculptant cet avenir radieux au bulldozer, il «soigne notre environnement par petites touches, en plantant des arbres, en installant corbeilles et cendriers» (sic). On voit que les «nécessités contemporaines» auxquelles on veut «adapter le réseau routier» ne sont ni la réduction des gaz à effet de serre, ni la protection de l'environnement, ni la recherche de la densité urbaine ou la promotion des transports en commun ... Loin s'en faut. L'adjoint à «la grande voirie» glorifie ainsi son bilan 2011 des actions en faveur de l'augmentation du trafic automobile :
- Tunnel dénivellé sous le Rond-point des Arcades,
- Voie routière de contournement sud du quartier Porte d'Espagne,
- Rond-point et voie aérienne du Mas Rouma,
- contournement par le nouveau boulevard Nord-Est,
- ouverture d'entrées et de sorties de la voie sur berge,
- première section "Nord" de la Rocade Ouest,
- avec son pont et son carrefour délirant au bord de la Têt,
- et bientôt suivie par la seconde section "centre", c'est promis, s'il reste quelques euros...
Enfin un encadré est là pour rappeler «l’impact positif pour Perpignan de la mise à 2 fois 3 voies de l’A9». Les riverains apprécient certainement, ainsi que les contribuables, qui payent là-bas l'aménagement d'au moins 10 voies parallèles pour la circulation durable des automobiles et des camions.
Bizarrement on oublie de tracer sur ce tableau noir le doublement de l'immense parking de la zone commerciale porte d'Espagne, la création d'une nouvelle zone commerciale excentrée sur la route de Canet, le bétonnage d'une zone d'activité sur le boulevard Nord-Est, l'agrandissement de Mas Guérido... Sans doute pour ménager la colère des artisans du commerce de proximité dans le centre et les quartiers.
Parfois, si la loi y oblige, on a construit des pistes cyclables qui longent les nouvelles routes. Si quelques cyclistes survivent encore à l'enfer de ce réseau routier envahissant, ils y trouveront un peu de répis, à défaut du paysage calme et bucolique qu'on a détruit là.
De même, «Grenelle 2015 oblige», on accordera bientôt, «un couloir en site propre pour les bus», «des pistes cyclables», «des cheminements piétonniers»... Bientôt... Mais les lourds investissements consacrés chaque année aux voitures engloutissent le budget de notre ville, et l'intention affichée d'en consacrer «une part importante aux modes de déplacement doux» est un mensonge. Dans le "journal de Perpignan" de janvier 2013, le bilan de ce qui aura été fait en 2012, s'il donne aussi les montants consacrés à chacun de ces chantiers, nous convaincra, hélas, encore, que cette «part importante» s'est réduite à la portion congrue.
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