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Rocade Ouest

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En pleine semaine de la mobilité, le département des P.O. comme l'agglomération de Perpignan chantent les louanges du déplacement à pied, à vélo, ou en transport en commun, mais quels efforts consentent-ils vraiment à la promotion de ces modes de transport alternatifs à la voiture, et quels efforts font-ils au contraire pour favoriser encore la circulation des automobiles ?

Ceux qui applaudissent par exemple le chantier de la rocade Ouest pourraient en effet bientôt déchanter. Est-il bien sûr que cet énorme investissement d'argent public soit pertinent ? Et quand l'essence sera inabordable, la crise économique plus présente, aurons-nous les moyens alors de construire des voies de tramway, de rénover celles du train, ou d'investir dans une flotte de bus efficaces ? Nos collectivités (Ville, Agglomération et Département) consacrent en effet des centaines de millions d'Euros dans de nouvelles routes, des ponts à voitures et des parkings souterrains. Mais on balaye l'idée du tramway, trop cher pour Perpignan. On sourit à l'idée de remettre en route de vrais trains, avec des horaires et des cadences de RER vers les trois vallées du Roussillon : Algy, Têt, et Tech. Et on accorde chichement quelques euros aux pistes cyclables sous prétexte que moins d'1% des déplacements concernent des cyclistes. Or combien coûte le boulevard Nord-Est, actuellement en construction ? Combien coûte la rocade Ouest et le pont qui doit lui faire traverser la Têt ? Combien coûtera la rocade Sud-Ouest qui doit la prolonger, et son carrefour avec la route de Prades, si compliqué ? On prévoit déjà une rocade Sud-Est qui rejoindra les Arcades, et le chantier, déjà programmé, d'un immense rond-point au Mas Balande, ne se fera pas sans aménager une rocade Sud-Est, ni sans engloutir toutes nos ressources. Ne parlons ni du quatrième pont, ni des nouveaux projets de parkings en ville,... Tous ces immenses moyens, s'ils étaient investis dans des lignes de tramways, des voies de bus efficaces, des pistes cyclables et un urbanisme limitant la nécessité même des transports ne seraient-ils pas mieux dépensés ? Et n'apporteraient-ils pas aux citoyens plus de mobilité, dans une ville plus vivable ? A l'échelle du département aussi, c'est la ligne de chemin de fer de Prades qui survit difficilement avec des rénovations épisodiques de quelques millions d'Euros quand l'élargissement à 2x2 voies de la route de Bouleternère à Prades va en engloutir par centaines de millions. A Céret les voies de chemin de fer se couvrent lentement d'herbes et d'arbustes pendant qu'on projette un contournement routier du Boulou ou un nouveau pont sur le Tech. L'ancienne voie ferrée Perpignan-Thuir est noyée sous du bitume pendant qu'on construit une monstrueuse et coûteuse dénivellation au rond-point du Mas Gaffard. Et la Ligne de train du Fenouillèdes n'est plus exploitée en été que pour amuser les touristes, alors que chaque jour des milliers de voitures rejoignent Perpignan par la route.

 

Quand le Roussillon, à l'image d'une Floride inhumaine, sera couvert de 2x2 voies, de parkings, et nos villes ceinturées de rocades, dirons-nous que nous avons été bien gouvernés ? Quand le réchauffement climatique provoquera ses pires effets, dirons-nous que nous ignorions en 2008 les enjeux et les conséquences de tous ces aménagements ? Quand mettra-t-on en accord les actes avec les louanges qu'on adresse aux modes alternatifs à la voiture ? Quand cessera-t-on de favoriser partout et toujours l'usage de l'automobile au détriment de modes moins polluants ?