Soumis par Thibaut LEGAYE le 01 jan 2008
**Avez-vous vu sur FR3 le Maire de Perpignan, à vélo, inaugurer une passerelle piétonne et cyclable qui doit permettrede franchir la rocade sud ? Il a profité de cette inauguration pour rappeler son profond engagement en faveur d'une ville cyclable. Et dans chaque parution du journal de la ville, il nous assure de la volonté de la mairie de développer ce mode de transport.**
Mais, chers adhérents de Vélo En Têt, ne vous précipitez pas sur cette passerelle pour l'essayer vous aussi à bicyclette car elle n'est pour l'instant accessible ni d'un côté ni de l'autre. Le nouvel itinéraire complet devrait un jour prochain relier la zone de commerce de la route d'Espagne (N9) avec la zone sud (Catalunya). Nous vous informerons de l'achèvement des travaux, et nous vous inviterons à une inauguration non-virtuelle...
Ce passage sur la rocade sud fait partie d'un itinéraire conçu en 1998, par des élèves du Collège Madame de Sévigné, et devait permettre à ceux d'entre eux habitant les quartiers Catalunya de rejoindre leur école à bicyclette. Ils ont hélas passé leur adolescence dans une voiture, et ce sont maintenant devenus de jeunes adultes, qui n'utilisent sans doute pas le vélo aujourd'hui pour se déplacer, faire leur courses, ou sortir... Lorsque cette nouvelle passerelle sera accessible, elle ne permettra d'ailleurs pas aux collégiens d'aller en classe, ni aux habitants de Catalunya ou porte d'Espagne de rejoindre leur domicile à vélo. Il faudra sans doute attendre encore 10 ou 20 ans pour qu'on prolonge un peu ce court segment de voie cyclable jusque-là.
Pourtant, depuis 1998, pendant que ce projet dormait dans un tiroir, on a construit la route à quatre-voies Perpignan-Canet, la nouvelle route de Thuir, la rocade sud-est qui contourne Mas Guérido,... On a rénové entièrement l'avenue d'Espagne, le boulevard Wilson, le Boulevard Clémenceau,... On a transformé la Dalle Arago en parking, étendu le parking du bd. Wilson,... j'en passe, et des pires. Le pire reste d'ailleurs à venir puisque dans les documents d'urbanisme (PDU, PLU) les projets qui vont confisquer les ressources financières de nos collectivités sont des rocades supplémentaires, des parkings en ville, des rond-point gigantesques, etc... Bref, quand on dépense un seul euro en faveur du vélo, on en dépense des milliers pour faire rouler toujours plus de voitures automobiles.
Grâce aux initiatives de villes comme La Rochelle, Strasbourg, Nantes, et plus récemment grâce au Vélo'v de Lyon, puis au Vélib de Paris, la bicyclette en ville est devenu un sujet de communication à la mode. A Perpignan aussi, grâce peut-être aussi un peu à l'action de Vélo En Têt, personne ne rit plus quand nous disons -comme il y a 10 ans !- que la bicyclette est un véhicule moderne, et qu'elle est l'avenir de la ville. C'est une petite victoire, mais qui a mis hélas très longtemps à être acquise. Est-ce parce que notre ville est accrochée à la queue de la France qu'elle est éternellement en retard ? Pendant que d'autres villes aménagent leur réseau cyclable, organisent des péages urbains et dissuadent l'usage de la voiture, A Perpignan, on COMMUNIQUE sur le thème du vélo !
Hélas, la communication ne fait pas tout, et plus sûrement que de jolies photos de vélos et des discours sur les mérites de la petite reine, c'est un autre aménagement de la ville qui peut modifier les comportements de nos concitoyens vis-à vis de la voiture et des modes de transports. Tout en dénonçant les méfaits de la voiture, en faisant les louanges des transports en commun, des piétons et des cyclistes, nos élus ont comme ambition jusqu'en 2020 une hausse du trafic automobile aussi importante que celle de la population. Hormis des déclarations d'intentions, Vélo En Têt n'a pas encore obtenu de Perpignan
- un centre-ville intraversable en voiture,
- la limitation du stationnement pour les déplacements quotidiens,
- une diminution des vitesses dans toute l'agglomération,
- des horaires de bus tardifs en soirée et des voies en site propre sur les entrées de ville,
- un moratoire sur les aménagements favorisant la voiture,
- et tant d'autres de nos propositions qui ont fini sous les roues d'un 4x4 garé sur un trottoir...
Ce texte était la plus grande partie de l'éditorial du bulletin annuel de l'association en 2008.