Saint Estève – Jonquilles – Un début prometteur ?

Piste cyclable double sens au début de la rue des Jonquilles…

Un nouvel aménagement a vu le jour rue des Jonquilles à Saint-Estève. Il vient relier l’impasse de la Devèze, après le Tennis Club Stéphanois au cheminement doux longeant l’avenue des jardins.
Un aménagement très court mais intéressant à plus d’un titre.
Il s’agit pour partie d’une piste cyclable obligatoire à double sens d’un seul coté de la chaussée et séparée par des plots J11. Elle se situe entre le trottoir et les stationnement. Cette conception est vraiment intéressante car simple, très sécurisante, facile à construire et entretenir.
Le deuxième aspect notable de cet équipement est que cette piste double traverse subitement la chaussée pour se transformer en voie verte à double sens à cheval sur le trottoir et la chaussée pour rejoindre la passerelle sur le canal de Vernet à Pia. Là bien sûr, nous frisons le ridicule. Quel manque d’ambition pousse après un équipement conforme sur 100m à réaliser un équipement aussi aberrant et non conforme à quelque code que ce soit sur 50m ? La peur de supprimer 4 stationnements ?
L’avant dernier point notable est de tenter de comprendre dans quelle logique cet équipement a été créé. Sans schéma de mobilité active publié, difficile d’avoir une analyse précise. Cela aurait pu être le début d’une alternative cyclable de traversée de Saint-Estève depuis Baho en suivant la rue des Primevères et l’avenue des Olympiades. Au vu des aménagements bâclés de l’avenue de la Mirande, je ne le pense pas.
Il doit s’agir tout simplement d’un début d’itinéraire vers les aménagements Es’Têt en suivant le cheminement doux de l’avenue des jardins puis vers le chemin de la Boule.
Et en dernier point, il est intéressant d’analyser la mise en place d’un tel équipement sur une voie qui doit comptabiliser au grand maximum 100 véhicules par jour et se situant en zone résidentielle. Une zone de rencontre (20 km/h) ou une zone 30 auraient sans doute été plus adaptées et moins couteuses.

La profusion de réalisations d’équipements cyclables anarchiques donne l’impression que la cause des mobilités douces est acquise, mais, sans réflexion globale, sans publication de schéma ni d’analyse des mobilités quotidiennes, ces équipements sont la plupart du temps couteux et contre-productifs. Ils ne pourront servir les déplacements au quotidien et l’objectif de basculement de 9% des mobilités vers le vélo.

..une traversée réhaussée…
..puis un trottoir partagé doublé d’une piste a simple sens !

Projet d’aménagement des berges de la Basse

D’après ce que nous savons, les services techniques de la ville de Perpignan ont pour projet d’aménager la rive gauche de la Basse pour les mobilités actives (marche et vélo). Cet aménagement relierait la voie douce démarrant au bout de la rue Courteline (vers les jardins de la Basse) jusqu’au centre ville avant le Palmarium, soit en contrebas du quai de Hanovre et du quai Nobel.

Notre association propose depuis longtemps cet aménagement. En effet, la pratique du vélo pour les déplacements quotidiens pour laquelle nous militons depuis 15 ans, celle qui vise à offrir une alternative à la voiture individuelle, nécessite des itinéraires pratiques, continus, sécurisés, rapides. La pratique du vélo à Perpignan aujourd’hui est interrompue à chaque carrefour et particulièrement par les boulevards à double voie. L’objectif d’un véritable développement du vélo, pour rendre la ville respirable et se réapproprier l’espace public confisqué par la voiture, nécessite l’aménagement d’un réseau cyclable. Les ‘chemins’ de l’eau, parce qu’ils ont été préservés de l’envahissement de la voiture, sont des voies idéales pour recevoir de tels aménagements : il n’y a pas que la Basse, mais aussi la Têt, le Canal de Perpignan, le Canal de Mailloles (El Ganganell), le canal du Vernet à Pia etc.
En l’occurrence, le projet le long de la Basse vise à relier le centre ville à la zone St Charles (avec une autre section en projet au delà de St Assiscle), en desservant le lycée Arago, les quartiers Gare et St Assiscle : il constitue donc un axe structurant majeur pour des déplacements quotidiens. En débouchant au delà du boulevard, il permet son franchissement de façon sécurisée, aujourd’hui impossible hors trottoirs et passages piétons (réglementairement interdits aux vélos …) dans le sens lycée/Centre ville.

Un tel aménagement ne doit pas se faire au détriment de la nature en ville, et nous serons vigilants sur son implantation pour conserver les lauriers présents comme sur le choix des matériaux pour limiter l’impact environnemental et insérer l’aménagement de façon harmonieuse dans le paysage urbain. Donner accès aux berges de la Basse augmentera-t-il les pollutions, jets de déchets dans la rivière ? Les aménagements des jardins de la Basse au niveau de St Assiscle, libres d’accès à tout heure et agréables, prouvent que les Perpignanais respectent les aménagements dès lors qu’ils sont de qualité.

Si cet aménagement se réalise avec une vrai continuité et ‘praticité’ cyclable, il ne se substitue en rien à la nécessaire réorganisation de la circulation dans le centre ville, à l’intérieur des boulevards : Vélo en Têt propose depuis de nombreuses années un projet argumenté reposant sur l’extension de la zone piétonne et l’intraversabilité automobile, et l’a défendu auprès des élus et techniciens lors de nombreuses réunions et rencontres, comme défend la nécessaire reprise des boulevards, véritable autoroute en ville.

Notre association se bat sur tous les fronts, car ce n’est qu’avec de l’ambition que l’on pourra renverser la situation du ‘tout automobile’ dans notre ville, première responsable de la pollution sonore et de l’air comme d’une accidentologie dont on pourrait se passer. Il ne s’agit pas de défendre les intérêts d’une catégorie d’usagers – les cyclistes – pour leur unique avantage, mais de transformer la ville pour la rendre respirable, pour le bénéfice de toutes et tous, et c’est bien l’objet social de notre association.