Une politique de la mobilité indigne d’une grande ville

**Relisons le «journal de Perpignan» de Janvier 2012 (n°9, Bimestriel), qui titrait fièrement :**

## Une grande voirie digne d’une grande ville

Toutes les «citations» ci-dessous en sont fidèlement tirées…

Sous ce titre conquérant, la commune nous annonce en effet que de coûteuses mais «ambitieuses voies de contournement» vont «positionner la ville dans la modernité»… Ce poncif ne cache hélas plus une poursuite aveugle de «la fluidification de la circulation», qui était peut-être moderne en 1970, mais est aujourd’hui le crime écologique et social de l’urbanisme ringard. Quelle dignité trouve-t-on alors à poursuivre aujourd’hui les erreurs du passé ? À couvrir de bitume des hectares de terres cultivables ? À morceler le tissu urbain en lotissements dortoirs ici, et en vastes parkings de zones commerciales hideuses là, quand les autres grandes villes de France conjuguent leur efforts en faveur des alternatives à l’automobile. Notre bon maire dans son édito s’excuse des «nuisances» des travaux pour ses administrés mais les «invite à prendre de la hauteur» (sic) pour entrevoir «ce qui sera dans un futur proche un réseau routier cohérent». Hélas, le futur proche nous réserve de plus graves et durables nuisances de l’automobile, une dispersion de l’habitat qui rend d’ores et déjà les transports en commun inefficaces, une agriculture toujours plus éloignée des villes, et des énergies fossiles dont le prix a déjà pris plus de hauteur que cette vision à ras du bitume.

Mais, tout en sculptant cet avenir radieux au bulldozer, il «soigne notre environnement par petites touches, en plantant des arbres, en installant corbeilles et cendriers» (sic). On voit que les «nécessités contemporaines» auxquelles on veut «adapter le réseau routier» ne sont ni la réduction des gaz à effet de serre, ni la protection de l’environnement, ni la recherche de la densité urbaine ou la promotion des transports en commun … Loin s’en faut. L’adjoint à «la grande voirie» glorifie ainsi son bilan 2011 des actions en faveur de l’augmentation du trafic automobile :

– Tunnel dénivelé sous le Rond-point des Arcades,
– Voie routière de contournement sud du quartier Porte d’Espagne,
– Rond-point et voie aérienne du Mas Rouma,
– contournement par le nouveau boulevard Nord-Est,
– ouverture d’entrées et de sorties de la voie sur berge,
– première section « Nord » de la Rocade Ouest,
– avec son pont et son carrefour délirant au bord de la Têt,
– et bientôt suivie par la seconde section « centre », c’est promis, s’il reste quelques euros…

Enfin un encadré est là pour rappeler «l’impact positif pour Perpignan de la mise à 2 fois 3 voies de l’A9». Les riverains apprécient certainement, ainsi que les contribuables, qui payent là-bas l’aménagement d’au moins 10 voies parallèles pour la circulation durable des automobiles et des camions.

Bizarrement on oublie de tracer sur ce tableau noir le doublement de l’immense parking de la zone commerciale porte d’Espagne, la création d’une nouvelle zone commerciale excentrée sur la route de Canet, le bétonnage d’une zone d’activité sur le boulevard Nord-Est, l’agrandissement de Mas Guérido… Sans doute pour ménager la colère des artisans du commerce de proximité dans le centre et les quartiers.

Parfois, si la loi y oblige, on a construit des pistes cyclables qui longent les nouvelles routes. Si quelques cyclistes survivent encore à l’enfer de ce réseau routier envahissant, ils y trouveront un peu de répis, à défaut du paysage calme et bucolique qu’on a détruit là.

De même, «Grenelle 2015 oblige», on accordera bientôt, «un couloir en site propre pour les bus», «des pistes cyclables», «des cheminements piétonniers»… Bientôt… Mais les lourds investissements consacrés chaque année aux voitures engloutissent le budget de notre ville, et l’intention affichée d’en consacrer «une part importante aux modes de déplacement doux» est un mensonge. Dans le « journal de Perpignan » de janvier 2013, le bilan de ce qui aura été fait en 2012, s’il donne aussi les montants consacrés à chacun de ces chantiers, nous convaincra, hélas, encore, que cette «part importante» s’est réduite à la portion congrue.

P.S.: 

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Vélorution !

Une manifestation organisée avec Énergie Citoyenne

En effet, rallier la fac au centre, ou… à la gare est toujours une aventure.

Certes, récemment, quelques bordures de trottoirs ont bien été rabotées, mais il manque encore des aménagements pour franchir les croisements, les ronds-points et surtout des pistes cyclables matérialisées …

Les étudiants sont à Perpignan  «  la  population » qui utilise le plus le vélo : leurs moyens financiers ne leur permettent pas de s’offrir une voiture, et quand ils en ont une, ce n’est évidemment pas un modèle neuf consommant peu, mais plutôt la vieille voiture de la famille qui avale (en ville !) ses dix litres de super au 100 km, et à bientôt 2€ par litre …. faites le compte ! D’autant plus qu’elle est souvent en panne (vu son âge !) et que (quand elle veut bien démarrer) elle pollue autant qu’un semi-remorque !

Or, tout le mode le sait, les étudiants sont jeunes, éduqués … et donc plus soucieux de l’avenir de notre planète.Aussi ont-ils obtenu, de longue lutte,des arceaux sur le campus de la fac pour attacher leur vélo pendant les cours, organisé un atelier de réparation et participent-ils, chaque année, à la semaine de l’environnement.

Déguisés, coiffés de perruques, vêtus de pyjamas, soufflant gaiement dans des trompes et tapant sur des casseroles … ils ont partagé l’asphalte avec les gilets jaunes de «Vélo en Têt»pour rallier le centre en faisant halte place Cassanyes, place Rigaud, place Arago et Place de la République pour chanter à l’unisson sur des airs de Brassens ou de Brel des compositions de circonstance :

(sur l’air du port d’Amsterdam)

« dans les rues de Perpi, Y’a des vélos qui gueulent

Des pédales qui râlent, des dérailleurs qui, pleurent 

Dans les rues de Perpi, Y’a des voitures qui trainent

Leurs vapeurs étouffantes, des brumes encrassantes… »

A la mairie, M. Jean-Michel HENRIC, le «Monsieur vélo» de la Municipalité, les attendait et a écouté leurs doléances en promettant de transmettre immédiatement au maire Jean-Marc PUJOL et d’appuyer leurs revendications.

Un pique-nique a ensuite réuni tout le monde sur la Place de la République.

Merci à tous les participants.