Lettre ouverte à la Ministre de l’Économie

Dans le journal « Aujourd’hui en France » du 4 novembre 2007, Madame Christine LAGARDE, Ministre de l’Économie et des Finances, lançait naïvement un appel en faveur de l’utilisation du vélo en ville. Un adhérent de vélo en Têt lui a adressé cette réponse.

Madame la Ministre,

En tant que cycliste pratiquant au quotidien, je m’étonne de la soudaineté de votre invite à utiliser le vélo pour les courts trajets. Elle me fait penser à ces requêtes qui voudraient que le train s’arrête au passage à niveau quand une voiture est bloquée sur la voie. Ces choses là ne se gèrent pas par le réflexe mais par l’anticipation.

La plupart des villes sont dédiées à la circulation automobile. Les villes françaises, à quelques exceptions près, ont consacré massivement leur voiries à l’utilisation de la voiture individuelle, pratique totalitaire qui marginalise les autres moyens de transports, et notamment les modes doux : marche à pied, vélo, roller, etc., et les transports publics de surface : autobus, taxis, etc. Même s’il est question de revenir sur cette décision dans le cadre du « Grenelle de l’environnement », il me semble que l’État lui même avait, ces dernières années, retiré son aide à la construction de certains des équipements urbains alternatifs à l’automobile.

Une ligne budgétaire séparée pour les structures cyclables. Cette idée a été développée par certains chercheurs il y a longtemps. Comme j’ai essayé de le faire reprendre dans les conclusions de la « réunion du Grenelle » tenue à Perpignan, les déplacements cyclables, les plus productifs en ville sur le plan énergétique, ne disposent même pas d’une ligne budgétaire séparée, à travers laquelle pourraient être gérés des crédits porteurs d’actions dans des domaines aussi divers que les transports, l’environnement, la santé, le tourisme et le sport, tous impliqués par l’usage du vélo, qui ne se compromettront jamais dans des budgets routiers, par exemple au financement des sur-largeurs interurbaines, concédées la main sur le cœur au vélo (50% des itinéraires disponibles dans le département 66), mais construites à prix d’or à l’épreuve des camions de 40 tonnes (et bientôt 60 nous dit-on ?), ce qui en réduit drastiquement la longueur.

De véritables réseaux cyclables. Depuis 20 à 30 ans, des associations essaient obstinément de faire comprendre aux municipalités et autres collectivités locales l’intérêt de réseaux cyclables structurés, continus, et sécurisés. Il s’agit par là de relier entre eux des points d’intérêt général, par exemple dans une commune la mairie, la gare, la poste, le collège, le centre commercial, l’entrée de la zone industrielle, etc., par un réseau matérialisé sur le terrain et dûment annoncé et signalé.

Il ne s’agit pas de concéder deux mètres de largeur aux cyclistes quand on refait une avenue qui se trouve par hasard assez large pour qu’on n’ait pas trop à réduire la surface consacrée depuis des temps immémoriaux au stationnement des automobiles, qui finit par constituer souvent une appropriation abusive de l’espace public. Cette action est velléitaire et notoirement inefficace. Il s’agit de créer sur le terrain un cheminement d’un point à un autre tout en respectant un certain nombre de critères :

Ce cheminement doit être aussi continu qu’un circuit électrique ou qu’une conduite de gaz, car sinon la circulation des cyclistes y restera marginale, ce qui deviendra ensuite un argument de mauvaise foi contre les promoteurs de cette action.

Il doit être sécurisé, et notamment isolé d’une circulation automobile intense, car le vélo est utilisable de fait par tout citoyen valide, homme ou femme, de 10 ans (pour aller au collège) à 80 ans (pour aller faire les courses). Mais les « zones 30 » ne sont souvent pas respectées ; les espaces de « circulation partagée » de certaines villes sont monopolisés par les véhicules à pétrole, et la notion de sécurité dépend un peu des visions et des expériences individuelles, surtout quand il s’agit de décider pour des tiers. Dans une réunion, j’ai proposé à un technicien que le critère d’une sécurité suffisante (elle n’est jamais parfaite) soit que 80% de parents enquêtés scientifiquement acceptent d’autoriser leur enfant de plus de 10 ans à rouler seul sur l’itinéraire évalué, et il a hurlé que « si l’on faisait intervenir la psychologie, on ne s’en sortirait pas ». Et pourtant, les Français ne sont pas fous. Sauf dans quelques villes exemplaires, dont parle notamment « Ville et Vélo », ils n’enverront pas leurs enfants circuler à vélo sur les voiries urbaines d’aujourd’hui. A part les groupes festifs et démonstratifs annuels, protégés par leur nombre et parfois leur escorte policière, et les risque-tout hommes de 20 à 60 ans, qui récusent d’ailleurs souvent les aménagements cyclables, peut-être pour mieux faire ressortir leurs glorieuses performances ponctuelles, le gros de la population ne pratiquera pas le vélo en solitaire au quotidien. A côté des militants, seuls le font les publics captifs, contraints et forcés par la pauvreté ou l’interdiction d’utiliser une voiture.

Une politique de « séduction efficace ». Quant aux transports en commun, s’ils sont de très grande qualité à Paris intra-muros, où sont justement localisés les ministères, il n’en est pas de même dans les agglomérations moyennes où ils ne s’adressent en général qu’à ceux qui, ne pouvant faire autrement, ne reculent pas devant des fréquences de parfois plus d’une heure, et acceptent d’être consignés chez eux à huit heures du soir. Quand à la vitesse, combien de réseaux urbains jouissent de la priorité par radio commande des feux de circulation, déjà en service en Suisse dans les années 70 ? Je ne vois d’ailleurs jamais de cadres en cravate ou même seulement d’actifs moyens dans les bus de l’agglomération de Perpignan, tout simplement parce que personne n’a envie de s’exclure volontairement de la société à laquelle il appartient. Dans ce domaine comme pour le vélo, il est donc grand temps de passer d’une « politique de ramasse-miettes » à une « politique de séduction efficace ».

Le pétrole montera encore. Car le prix du pétrole, contrairement à ce que soutenait encore l’État dans l’enquête VRAL 2006, ne restera pas à 60 dollars le baril jusqu’en 2020. J’ai moi même, en tant qu’économiste de formation, évalué sa volatilité immédiate à 32 (1% de défection de l’offre par rapport à la demande provoque une hausse de prix de 32%, et, dans une hypothèse linéaire, 10% de défection provoquent une hausse de prix de 320%, soit un quadruplement). Compte tenu de l’évolution de l’offre et de celle de la demande, il ne baissera structurellement plus sur le long terme, et Jean-Marc Jancovici, dans « Le plein s’il vous plait ! » démontre l’urgence de consacrer l’argent des taxes sur l’énergie à transformer l’économie en profondeur (par exemple à travers une aide au changement de la motorisation des bateaux de pêche et des taxis, etc.) plutôt que de mettre la tête dans le sable en consentant à court terme de funestes réductions fiscales qui handicaperont ces actions.

Un nécessaire accompagnement par les politiques locales. Pour en rester à la promotion du vélo et des transports en commun, outre les mots flatteurs à l’adresse des citoyens, il vous faudra donc faire appel aussi à l’intelligence des maires, des préfets, des présidents de Régions, de Départements et de Communautés d’agglomération, des directeurs de DDE et autres services concernés, en leur octroyant bien sûr quelques moyens sonnants et trébuchants en appui à votre argumentaire, même si des transferts de budgets de projets désormais dépassés peuvent constituer de solides apports.

Si les collectivités locales dans leur ensemble ne changent pas fondamentalement d’attitude vis à vis des infrastructures cyclables, je crains que votre intervention du 4 novembre au niveau des comportements des citoyens ne provoque que des changements microscopiques à l’échelle du problème.

En vous remerciant de m’avoir lu, et restant disposé à participer à tout débat ou entretien sur ces sujets, je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de mes Respectueuses Salutations Citoyennes.

Un campus bientôt cyclable ?

Sont présents :Pierre Ferrer, élu étudiant, Parfait Nang Bibang ,Président du BDE, Isabelle Olivé et la secrétaire de la DIVEC, Georges Pagès, Directeur de la logistique, Hervé Boissière, Benoit et Olivier de l’association Énergies Citoyennes, Caroline Forgues de Vélo en Têt, Jean Jacob enseignant et adhérent de Vélo en Têt, Mme Padys, administration de l’IUT.

Discussions

CR rapide de la réunion d’octobre : La question des accès à la fac est posée par les « nouveaux venus » (façon de parler !). C.Forgues précise que c’est via un plan de déplacement associant les acteurs « externes » (mairie, agglo, CG, région) qu’on peut envisager de les sensibiliser aux besoins de la fac et de les leur faire prendre en compte dans les projets d’aménagement et/ou d’offres de service public (location vélo comme lignes/horaires bus). Mme Olivé précise que les contacts sont aujourd’hui réduits au strict minimum. Concernant la location, l’idée d’un point sur la fac semble faire son chemin à la mairie (écho Locovelo) : à voir concrètement après les élections.

Plan de circulation :

En projet, une modification du plan de circulation avec mise en sens unique de la « circulaire » interne. Un gros problème : le stationnement sauvage, le parking Passio Vella va être imperméabilisé pour essayer de le limiter.

Pas de possibilité de pistes cyclables (avec séparation) car il faut garder une largeur minimum permettant l’accès pompier. C.Forgues évoque les contre-sens cyclables, qui sont jugés trop dangereux notamment parce que les automobilistes ne respectent pas la limitation à 20 km/h. Une piste d’action pour améliorer la sécurité de cette voie de circulation : faire une sensibilisation importante. Il serait intéressant que le « groupe de travail vélo » constitué soit associé à l’avancement du dossier plan de circulation pour qu’il y ait compatibilité avec les actions vélo.

(hors CR : Vélo en Têt peut amener une expertise sur les aménagements permettant un partage de la voirie en toute sécurité – adaptation des aménagements de centre ville qui se font de plus en plus sur un concept de partage de la rue -)

Stationnement vélo

Objectif : réalisation dans les mois qui viennent, par moyens internes et/ou externes en fonction des besoins et des coûts.

Le stationnement existant est très réduit (après comptage, une quarantaine d’arceaux plus ou moins en bon état) et non adapté (arceaux ne permettant d’attacher que la roue). Une discussion s’engage pour savoir où placer des points de stationnement :

– certains sont partisans d’éviter que les vélos traversent le campus car cela poserait des problèmes de cohabitation avec les piétons, tout du moins de ne pas les y inciter, voire de n’offrir des points de stationnement qu’aux 2 entrées ;

– d’autres sont partisans d’accompagner la souplesse des vélos qui leur permet de passer partout et de suivre les comportements qui sont d’aller jusqu’au bâtiment de cours/travail.

– Entre ces 2 extrêmes, il est décidé de partir sur un scénario moyen où l’on offre des stationnements par « zone » homogène en terme fréquentation, tout en restant sur les abords (pas de point au centre). Un équipement minimum de 50 points « nouvelle génération » (arceau en U soit 100 places) semble un bon objectif pour couvrir les besoins actuels.La circulation des vélos à l’intérieur de la zone piétonne ne sera pas a priori autorisée (mais tolérée dans les faits) pour éviter de créer des « boulevards » de vélos qui rentreraient en conflit avec la circulation piétonne.

Après la réunion, un tour de campus par quelques uns a permis d’identifier l’existant, les points de stationnement possibles dans cette optique. Sur cette base, Énergies citoyennes et Vélo en Tet feront une proposition concrète et chiffrée dans la mesure du possible à la prochaine réunion.

A suivre

Prochaine réunion vélo le mardi 4 décembre à 13h salle 106 bâtiment A. Ordre du jour : finaliser le plan de stationnement vélo avec pour objectif de présenter le projet au Conseil de la Vie Universitaire de janvier 2008.

En attendant, Vélo En Têt vous offre un petit cartoon !!