Ma lettre au Maire

Monsieur le Maire,

Merci d’avoir pris le temps de rédiger ce courrier en réponse à la conférence de presse donnée par l’association Vélo En Têt dont je suis un des membres fondateurs. Cette réponse prouve que vous avez à cœur de faire avancer les choses dans la direction d’une ville moins dévolue aux voitures. Votre déception fait écho à la nôtre. Depuis 5 ans que l’association multiplie les adhérents (par 20 !),les participations aux réunions sur l’aménagement de la ville,les courriers souvent restés sans réponses à vos services, nous constatons que ce qui est objectivement réalisé est vraiment le « minimum syndical » et ne correspond pas du tout à une politique volontariste en la matière. Il y a un fossé énorme entre vos discours et vos actes. Les quelques questions qui suivent vous aideront à comprendre notre déception :

  • Avez-vous vu la plaquette éditée récemment par vos services « Perpignan à vélo » ? Sa vacuité est manifeste. L’action pour le vélo à Perpignan se résume à quelques emplacements de stationnement (d’ailleurs pris sur l’espace piéton et non voiture la plupart du temps). Aucun itinéraire cyclable, aucun service de location, aucun circuit découverte, aucune connexion avec les transports en commun. A elle toute seule cette plaquette est un aveu de modestie sinon d’immobilisme…
  • Alors que nous l’association vous a régulièrement incité à le faire, avez-vous envoyé, ou ne serait ce qu’envisagé d’envoyer, un élu ou un technicien aux différents congrès des villes cyclables pour voir ce qui se fait ailleurs ? Cela permettrait peut être de prendre conscience du retard pris par Perpignan. Cela permettrait peut être aussi de profiter de ce retard pour ne pas commettre les erreurs faites par les autres villes. Être en retard est parfois un avantage à condition d’essayer de le combler…
  • Savez vous que c’est l’association qui informe souvent « monsieur Vélo de la mairie » des travaux de voirie en cours, des projets de vos services, des aménagements envisagés, des arceaux dégradés… ? Ce monsieur vélo ne serait-t-il pas un alibi ?Quel est son réel pouvoir ? Quel poids pèse t-il face aux habitudes et au lobbys automobilistes ?
  • Savez vous que vous êtes vous-même « intoxiqué » par les erreurs de votre service de communication ? Nous vous défions en effet de trouver les 23 km de pistes cyclables à Perpignan dont vous vous targuez dans votre lettre. Ni même la moitié de ce chiffre. Vos services se trompent (sûrement plus consciemment qu’inconsciemment…) sur la différence entre piste cyclable et bande cyclable. Ce n’est pas que du vocabulaire : dans le premier cas vous pouvez rouler en sécurité et laisser vos enfants aller à l’école en toute tranquillité puisqu’il s’agit d’une voie séparée des automobilistes, dans l’autre cas il s’agit d’un coup de peinture qui ne coûte pas trop cher, qui est mis là ou ça n’embête personne, qui s’arrête brutalement au milieu de nulle part, et qui n’est généralement pas respecté des automobilistes. Sont comptés aussi des « espaces partagés » signalés uniquement par un panneau et qui sont encore moins cyclables que les bandes cyclables !
  • Trois exemples parmi des centaines : Êtes vous passé un jour de semaine avenue Mermoz direction Guynemer vers midi au niveau de l’école Romain Rolland ? Systématiquement est garé à contre sens sur la bande cyclable un véhicule de la mairie, Êtes vous passé rue Henri Bergson, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit ? sur les 100 mètres que font cette bande cyclable,il y a en permanence 10 riverains qui stationnent en toute impunité ? L’avenue J. Panchot a récemment été refaite, il y avait là une occasion historique avec l’arrivée du TGV (et un devoir !) de prolonger la voie verte de Thuir vers le centre ville. Finalement qu’avez-vous impulsé ? La réfection à l’identique de peur de bousculer les petites habitudes des électeurs.
  • Et la piste bd Paul Alduy direz-vous ? Et bien sachez qu’un agent de la circulation nous a confirmé qu’à chacune des intersections, là où la piste s’interrompt pour laisser passer les voitures, le cycliste est supposé descendre de vélo pour passer le passage protégé son vélo à la main. Cela oblige donc le cycliste à descendre une bonne dizaine de fois sur un malheureux kilomètre d’itinéraire,pensez vous réellement que cela puisse être considéré comme un modèle de piste cyclable ?
  • De façon plus générale avez-vous essayé d’aller d’un point à un autre de la ville en vélo ? Si vous le faites, vous verrez que les quelques efforts faits sont éparpillés, désordonnés, sans continuité et que dès qu’un obstacle s’est présenté, l’itinéraire cyclable a été sacrifié au profit de la voiture.
  • Avez-vous réellement défini une zone 30 ?Si oui, elle doit toujours être au stade des vœux pieux car elle n’est ni signalée, ni respectée. Si non, à quand l’ensemble du centre ville en zone 30 ?D’une façon plus large, à quand le respect du 50 en ville ?
  • Pouvez vous nous dire la part du budget de la ville et de l’agglo qui va au vélo en comparaison de la part qui va à la voiture ? 5% ? 2% ? 1% ? J’ai bien peur que ce soit encore moins…
  • Alors que de plus en plus de villes de toutes tailles, y compris « petites grandes » (Orléans, Mulhouse, La Rochelle, Besançon etc..) se lancent dans la location de vélo avec succès pour inciter les gens à circuler autrement, vous vous souvenez vous de l’accueil que vous avez réservé à l’idée que Vélo En Têt vous a suggéré en janvier ? Pourtant cela pourrait être un service de transport au même titre que les bus ? Où est votre volonté de faire changer les mentalités ?
  • Chacune des villes du TGV Est,récemment ouvert, a profité de la création de la gare TGV pour proposer un service de location de vélo. Quand on aborde le sujet à Perpignan, on apprend qu’au mieux sera réservé un local de stationnement, cela est t-il ambitieux ?
  • Vous dites que c’est une question de mentalité et que nous devons participer à son évolution. C’est ce que l’association fait régulièrement, comme le prouvent nos diverses actions médiatiques ou plus quotidiennes, mais essayez-vous de convaincre vos adjoints, vos ingénieurs, vos techniciens, vos employés ? Ils ont souvent l’air moins concernés que vous…
  • Si vous aviez attendu qu’une majorité de perpignanais réclament la piétonisation du quai Vauban, ou la voie en site propre pour les bus quai Sadi Carnot vous ne l’auriez jamais fait. N’êtes vous pas d’accord pour dire que le rôle du politique est d’initier, d’inciter, d’impulser et non de suivre ? Alors, qu’attendez vous pour passer aux actes ?

Je sais votre temps précieux (qui le sera peut être encore plus dans quelques semaines…) mais comme vous reconnaissez l’engagement citoyen et désintéressé de notre association, je vous propose de faire un tour de votre ville, de notre ville,à vélo,avec vous et ceux de votre équipe impliqués,pour que les insuffisances de votre politique en la matière vous (leur) apparaissent plus concrètement et que les mentalités évoluent dans le sens que nous désirons, vous comme nous.

Je vous prie, Monsieur le Maire, de bien vouloir agréer mes salutations respectueuses.

Ouverture du Lycée Rosa Luxembourg

**L’ouverture du nouveau Lycée Rosa Luxembourg de Canet en Roussillon à la rentrée 2007 peut être l’occasion, grâce aux caractéristiques de l’établissement et de sa zone géographique de modifier la perception de l’utilisation du vélo par les jeunes.
Vélo en Têt propose un plan d’action.**

## OBJECTIF

Lutte contre :

– l’obésité chez les jeunes,
– le réchauffement climatique,
– les nuisances sonores,
– les accidents de deux roues.

## CONSTAT

– Rentrée scolaire en septembre 2007: création de 8 à 10 classes de 2nde seulement. 280 à 350 élèves âgés de 16 ans en moyenne.
– La zone scolaire couvre depuis St Cyprien jusqu’à St Laurent de la Salanque.
– Canet en Roussillon, la Salanque et St Cyprien sont parmi les zones où les pistes cyclables sont les plus denses.
– Les adolescents de 16 ans sont les plus gros consommateurs de deux-roues (hélas à moteur souvent !) et la zone du Lycée Rosa Luxembourg aura à souffrir des nuisances sonores de ces engins, sans parler du risque énorme que les larges avenues, rectilignes, avec des ronds-points représenteront pour les usagers.
– Le Ministère de l’Éducation nationale est préoccupé par l’augmentation rapide de l’obésité chez les jeunes. Après la lutte contre les addictions (toxicomanie et alcool) la lutte contre l’obésité des jeunes devient LA cause à la mode.
– Canet en Roussillon a une image dynamique et sportive: station balnéaire, accueillant le Club Champion de France 2007 de natation avec Laure Manaudou, Estelle Baron etc. et leur entraîneur Philippe Lucas. L’attrait pour « le sport » en général y est actuellement fort.

## CONCLUSION

Les caractéristiques de l’établissement et de sa zone scolaire se prêtent merveilleusement à une expérience « vélo ».

La Région Languedoc-Roussillon, le Rectorat de l’Académie de Montpellier, décideurs, le Proviseur et les personnels du nouveau Lycée, les parents et les élèves du Lycée Rosa Luxembourg, usagers, ne peuvent pas être insensibles à ce « supplément » que serait le vélo et son utilisation pour la santé, le confort des élèves et de l’entourage du Lycée… et aussi pour l’exemple qu’ils donneraient à tous pour un nouveau monde plus propre, plus sain et plus fraternel.

## DEMANDES

A la Région, en plus du local à vélos couvert prévu, qui pourrait devenir un local technique (entretien, nettoyage, réparation, stockage …), de rajouter des arceaux pour le stationnement des vélos. Ou d’utiliser l’emplacement (s’il a été prévu) pour les deux-roues à moteur qui devraient être rejetés à l’extérieur.
A des sponsors (économiques ou philanthropiques ou institutionnels – Région, Mairie ? -) la fourniture de 100 bicyclettes et d’un système d’attache automatique (cf location de vélos). Le retour de l’investissement pourrait se faire par de la publicité sur le cadre des vélos.
A Vélo en Têt , promoteur de l’opération une permanence une à deux fois par semaine pour entretien et réparation du parc.
Au Conseil Général, l’amélioration du maillage en pistes cyclables pour relier les communes envoyant des élèves au Lycée Rosa Luxembourg, et par voie de conséquence une meilleure prise en compte des possibilités de déplacement à bicyclette dans le secteur.

## FONCTIONNEMENT

Tout élève doit pouvoir trouver au Lycée un vélo qui lui est fourni gratuitement sous le contrôle de l’administration du Lycée (remise contre dépôt de la carte de Lycéen au Conseiller principal d’Éducation) pour 24 heures (système informatique d’enregistrement commun avec celui des absences). Ce vélo sera assuré par l’assurance scolaire obligatoire de l’élève.

Il pourra emprunter ce vélo à tout moment, pour une durée minimale de 2 heures (par exemple pour rentrer chez lui entre midi et 14h). Pas de prêt pour une heure (sortie ludique dans le quartier, inutile. il vaut mieux qu’il reste pour travailler au CDI!)

Il ne faut pas que le prêt soit plus long (semaine, voire année!) pour ne pas personnaliser le vélo et pour éviter l’utilisation « ludique » de l’engin (par exemple le week-end).

En début d’année, une caution (prévue dans le réglement intérieur de l’établissement) sera demandée et encaissée par l’intendant du Lycée. En cas de perte, vol, bris, dégradation, tout ou partie de la caution sera retenu sur décision du Conseil de la Vie Lycéenne qui pourrait se voir attribué cette fonction « civique », ainsi que le contrôle des « retours ». La caution (ou ce qu’il en reste) sera restituée à la fin de l’année scolaire. Les cautions retenues serviront à renouveler le parc de bicyclettes. Des subventions seront sollicitées auprès de la Région, de la Commune, etc. pour enrichir le parc.

Les vélos devront être de type VTC, simples, robustes (pas d’amortisseurs de fourche), avec un nombre de vitesses limité (2 plateaux, cinq pignons arrière) pour qu’ils soient efficaces sur route plate, non attractifs pour d’éventuels voleurs, faciles à nettoyer et à entretenir.

Bien sûr les élèves qui souhaiteront utiliser leur vélo personnel le pourront, et trouveront des arceaux d’attache sécurisés dans le même lieu. En corollaire, comme cela a déjà été dit, il ne devrait pas y avoir de garage à deux roues à moteur dans le lycée afin de dissuader les élèves de s’en servir.