Département pilote pour le développement durable

La Semaine parle de « trois risques de la période à venir » Il serait plus correct de parler de « certitudes » pour la cherté de l’énergie et pour le réchauffement climatique. Quant aux délocalisations, il nous paraît évident que le prix de l’énergie va changer la donne, et nous parierions plutôt pour une relocalisation de nombreuses activités, mais lesquelles ? A ce niveau, on pourrait parler plutôt de chances.

PRÉAMBULE

Dans tous les cas, il est impossible de faire des projets sérieux pour le département sans intégrer le fait que l’énergie fossile sera de plus en plus chère au fil des années, et ce sera l’axe principal de notre vision. Tout d’abord une croissance indéfinie de la consommation des carburants est mathématiquement impossible dans un monde fini. Ensuite, à l’heure où l’Inde et la Chine demandent de plus en plus de ressources naturelles sur les marchés mondiaux, alors que l’offre de pétrole et de gaz commence justement à s’essouffler irrémédiablement, des hausses des prix de ces ressources, que nous peinons à imaginer, vont mécaniquement se produire. Certains auteurs proposent d’ailleurs, pour atténuer la brutalité de leurs effets, de les anticiper par une taxation progressive qui dégagerait des moyens financiers pour accompagner l’évolution technique indispensable (Cf « Le plein s’il vous plait ! » de Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean éd. Seuil.).

De plus, de l’avis de spécialistes de plus en plus nombreux, l’effet de serre est enclenché et nous devons au plus vite diviser notre consommation de carbone au moins par deux dans un premier temps (certains disent par quatre) si nous voulons tenter de garder une région habitable malgré les bouleversements sans doute déjà non négociables : changement important du climat, modification du cycle de l’eau, migration ou disparition des espèces animales et végétales.

Dans ce contexte, proposer allègrement de construire de nouvelles routes qui vont augmenter la demande de carbone est inepte et criminel pour les générations futures. Nous ne parlons pas ici de vagues et lointains descendants, mais des enfants et petits enfants de ceux qui lisent ces lignes. En effet, outre que les travaux de génie civil représentent eux mêmes la consommation d’une importante quantité d’énergie fossile qui ne sera plus jamais disponible pour aucun autre projet, il est avéré que l’augmentation de l’efficacité des moteurs s’accompagne d’une augmentation et non d’une diminution de la demande globale de carbone (effet rebond). La création de nouvelles routes ne fait qu’exacerber ce phénomène.

Il est également vain de projeter d’importants investissements sur la Llabanère. Les compagnies aériennes vivent pour la plupart leurs dernières années, et les difficultés actuelles de Alitalia, de la Varig (que Lula refuse de subventionner), ou de la compagnie danoise, ne sont pas conjoncturelles mais structurelles. Le fait que le kérosène ne soit pas taxé (ni d’ailleurs pris en compte dans les calculs sur l’effet de serre), et qu’il soit énergétiquement de plus en plus coûteux à produire en proportion croissante dans les raffineries(Cf la newsletter mensuelle sur le site oleocene.org construit par l’ASPO.) va plomber irrémédiablement l’équilibre financier de ces entreprises par évaporation de la clientèle due à la hausse des prix des billets. Il faut s’en réjouir car il est urgent de réduire le trafic aérien, puisque l’efficacité énergétique croissante des réacteurs ne fait pas diminuer, elle non plus, la demande globale de carbone, ni la pollution de cette branche, redoutablement néfaste à haute altitude.

VOYAGEURS ET TOURISME.

Tant que la région aura un climat supportable, on peut penser que le tourisme y restera une activité non négligeable. Par la voie des airs, on peut raisonnablement imaginer qu’elle restera accessible à des dirigeables (que l’Allemagne est à peu près la seule à promouvoir actuellement), qui consomment quatre fois moins d’énergie que l’avion, et se déplacent quatre fois plus lentement, mais en ligne droite (quand il n’ y a pas de vent), et peuvent atterrir sur n’importe quel terrain de football aménagé, donc au cœur de n’importe quel canton. Il faut espérer que les autres touristes arriveront en train et le moins possible en voiture. Rappelons que le train est le moyen de transport motorisé qui a la meilleure efficacité énergétique, et qu’il peut, en traction électrique, ne générer aucune émission de carbone, si l’électricité est issue d’une source primaire renouvelable, par exemple hydraulique.

-Réseau Ferroviaire

Le département a la chance d’être assez bien pourvu en voies ferrées, puisque même dans la vallée du Tech le rail va jusqu’à Céret, et il faut envisager d’électrifier au moins de façon légère celles qui ne le sont pas. Sachant qu’un véhicule léger consomme moins d’énergie qu’un véhicule lourd, il faudrait aussi, pour diminuer la facture d’électricité, mettre en circulation du matériel voyageurs léger, ce que la SNCF a toujours refusé obstinément durant des décennies, bien que le projet de tram-train de Mulhouse soit sur ce point une ouverture innovante à suivre avec attention. Mais l’étude d’un nouveau type de matériel roulant doit répondre à une demande au moins interrégionale ou nationale pour être viable.

-Réseau urbain

Dans le domaine urbain, Perpignan refuse actuellement d’envisager d’installer un tramways sous prétexte que le trafic est insuffisant par rapport à l’investissement. Rappelons que ce réseau existait et a été démantelé pour suivre une mode stupide et parfaitement irrationnelle. Nous suggérons de refaire les calculs avec un prix de l’énergie multiplié par quatre en intégrant les transferts de mode qui en seraient la conséquence. Sachant que des agglomérations du tiers monde ont déjà interrompu ou réduit leur service d’autobus du fait de l’augmentation du prix du pétrole(ibid.), est-il intelligent d’attendre que cette hypothèse se profile pour notre ville pour mettre en chantier un réseau de tramways dont la construction demandera au moins dix ans ?

Tant que les ressources naturelles, quoique chères, restent à des prix abordables, il nous parait infiniment plus urgent de construire un tel réseau que de continuer à consommer définitivement des ressources non renouvelables pour créer des parkings ou des rocades routières, dont l’utilité n’est envisageable qu’à très court terme, alors qu’un réseau de tramways bien entretenu pourra bénéficier à plusieurs générations. De plus, si l’écartement était le même, et si possible aussi le courant traction, la circulation de tram-trains sans rupture de charge permettrait une desserte continue de toute la zone de plaine bien plus agréable et rapide que les correspondances scabreuses imposées actuellement aux usagers. (Villefranche Canet, Céret Le Barcarès, ou Elne St Estève pourraient être en relation directe).

Notons enfin qu’une ligne de tramway engazonnée peut être considérée comme un espace vert, puisque le couvert végétal n’est traversé que par deux ou quatre bandes de fer de quatre à cinq centimètres de large, alors que les immenses surfaces goudronnées des autoroutes finissent, par leur importance, par favoriser les inondations en cas de forte pluie, l’humus n’y jouant plus son rôle de ralentisseur du ruissellement.

-Réseau cyclable

Il faut également accélérer la réalisation du réseau cyclable départemental. Rappelons que la nuitée est une unité de mesure de la production touristique, et que, si en voiture ou en train on peut traverser le département en quelques heures, il faut plusieurs jours à une famille en vélo.

Cultiver soigneusement la possibilité de remonter en bicyclette les trois vallées à partir de la véloroute européenne qui longera la côte et en parallèle aux trois ferrées secondaires qui serviront d’alternative, proposer par exemple à des parents accompagnés de leurs enfants de 10 ans d’explorer en toute sécurité la plaine et le plateau cerdan (desservi par le train jaune) nous semble fondamental pour garder un futur durable à nos activités touristiques sur l’arrière pays.

Le bon touriste est le touriste lent, et non le touriste mort.

Les routes principales actuelles sont totalement inaptes à la coexistence des cycles et des véhicules à moteur. Et la raréfaction progressive de ces derniers n’ajoutera dans un premier temps aucune sécurité car ils rouleront évidemment plus vite. La véritable solution consiste, si l’on veut s’ouvrir au tourisme lent, à créer un réseau spécifique, mais 2012 ou 2015 nous semble des termes dangereusement lointains. Pourquoi ne pas créer un réseau provisoire en utilisant plus rapidement le réseau rural existant. Cela permettrait de créer l’offre très vite tout en étalant l’investissement du plus urgent au moins urgent. Certaines chaussées parallèles aux voies routières rapides sont déjà réservées aux engins agricoles, vélos, cavaliers, c’est à dire aux circulations lentes. Il faut systématiser cette possibilité. Sur l’axe Ille sur Têt Villefranche, par exemple, des petites routes parallèles à la nationale existent presque partout. Il faut les mettre en zone 30 ou y instituer une priorité absolue aux cyclistes, c’est à dire en clair poser que tout automobiliste impliqué dans un accident y soit automatiquement responsable à 100%. La notion de voirie partagée est en effet un concept flou qui ménage la chèvre et le chou sans ajouter un gramme de sécurité réelle. C’est en fait la vitesse générale qui est le critère fondamental, et il est juste que les citoyens et les touristes non motorisés aient le droit de se déplacer en toute sécurité ailleurs que sur des chaussées sur lesquelles les voitures ont un monopole de fait. Qui est assez fou, en effet, pour emmener ses enfants en vélo sur la RN 116. Il n’ y a là qu’un droit théorique qui permet seulement aux responsables de tergiverser indéfiniment.

Partons de la réalité : dans les accidents de la circulation meurtriers, très peu de cyclistes sont tués par des motoculteurs et encore moins de piétons par des cyclistes. De plus, une servitude « circulation lente » ne gênerait guère les transits agricoles, ni les riverains éventuels. Il faut donc

-# créer sur le terrain, en zone de plaine, une voirie lente continue depuis la mer jusqu’au fond de chaque grande vallée, à partir des petites routes rurales, comme cela a été généralisé dans l’île de Ré. Dans ce cas, on peut estimer que seulement 10% d’itinéraires neufs devraient être réalisés immédiatement.

-# baliser ce réseau de « circulation lente » par une signalétique spécifique et soutenue,

-# en communiquer abondamment les plans détaillés, agrémentés des catalogues des lieux d’hébergement et des sites intéressants avec leur degré d’accessibilité,

-# encourager le développement d’un véritable accueil spécifique sur le mode de ce qui existe sur les chemins de St Jacques de Compostelle (éventuellement en créant un statut de « village-étape » où des communes comme Bouleternère, Rodez, Marquixanes, Eus, Cattlar, etc. pourraient trouver une dynamique touristique),

-# et enfin, partout où c’est possible, investir progressivement dans la construction de vélo-routes au fur et à mesure que ce trafic s’intensifie, tout en conservant des alternatives crédibles par l’offre de compartiments vélos généreux dans le matériel ferroviaire circulant parallèlement à ces axes (à l’image de ce qui existe en Allemagne), ce qui permettrait tout fractionnement de trajet, gain de temps, ou circulation à l’abri à la convenance des voyageurs.

Rappelons pour conclure que ce réseau cyclable pourrait également être investi par les habitants du département. Il aiderait alors à la desserte en surface du réseau ferroviaire et à la productivité de son exploitation, puisque, si un cycliste est prêt à parcourir une distance cinq fois plus longue qu’un piéton pour se rendre à un point d’arrêt (5km au lieu de 1), cela signifie que la surface d’appel de chaque point d’arrêt, et donc sa clientèle potentielle à densité égale de l’habitat, est multipliée par cinq.

Enfin, la Cerdagne devrait également considérer l’intérêt de cette démarche pour la période d’été, car, si l’enneigement naturel est compromis par l’effet de serre, l’ajout de neige artificielle sera menacé par la cherté de l’énergie, sans compter qu’une consommation de 4000 mètres cubes d’eau par hectare et par saison deviendra sans doute elle même problématique.

Fret

Régulièrement, on nous ressasse que le ferroutage n’est intéressant qu’au delà de 300 ou 500 kilomètres. Nous pensons que là aussi les calculs devraient être refaits à partir d’un prix de l’énergie multiplié par 4, et qu’il faut cesser de considérer comme intangible l’organisation de l’espace industriel autour de la pseudo liberté d’implantation accordée par le tout camion. Les activités seront probablement revenues d’ici 10 à 15 ans auprès des voies de chemin de fer et des canaux, du moins celles qui mettent en jeu des tonnages significatifs, et ceux qui auront anticipé le mouvement sont ceux qui souffriront le moins de cette révolution énergétique. A part l’axe de St Paul de Fenouillet à Rivesaltes, l’activité ferroviaire fret est actuellement cantonnée à la zone littorale mais cela pourrait très bien changer.

Rappelons qu’à Paris, dans les années 30, l’ « Arpajonnais » était un tramway fret qui amenait jusqu’au cœur des halles les fruits et légumes des maraîchers de la région d’Arpajon. C’est donc d’abord dans nos têtes que le camion doit être détrôné, car, sur le plan énergétique, il reste plus coûteux que le train, surtout si l’on intègre à la comparaison la construction et l’entretien des infrastructures, que le camion externalise en masse vers les automobilistes et les contribuables. C’est ainsi qu’on n’entend jamais parler du déficit des routes nationales et départementales.

Une voie ferrée est construite pour supporter des poids importants sur des bandes de roulement précisément limitées, alors qu’une chaussée routière, y compris dans ses sur-largeurs que l’on concède hypocritement aux cyclistes, doit supporter en n’importe quel point de sa surface une pression de plusieurs tonnes par décimètre carré, dans l’éventualité du passage ou du stationnement d’un semi-remorque. Économie efficace du côté du chemin de fer, débauche de moyens mais simulacre d’efficacité dans le cas de la chaussée routière. Les frais d’entretien sont à l’avenant, avec une usure régulière et prévisible d’un côté et des dégâts aléatoires et dispersés de l’autre, puisque les ornières ondulées que finissent par creuser les camions obligent évidemment à refaire toute la surface de roulement.

HABITAT

Malgré ses charmes, la maison à quatre faces n’est pas un choix pertinent sur le plan énergétique. La multiplication des lotissements sans modération est donc à la fois une erreur vis à vis d’un système de transport plus collectif, une mauvaise habitude sur le plan énergétique, et une destruction de la valeur agronomique de la terre, jamais prise en compte, et que nous regretterons peut-être amèrement quand les rendements agricoles vont baisser significativement. Le modèle recommandé par les spécialistes irait plutôt vers des lignes d’immeubles à deux ou trois étages au maximum, avec des parcs et jardins mis en commun.

Au sujet des matériaux utilisés, il faudra privilégier ceux dont l’origine est la plus proche, et dont le coût énergétique de préparation est le plus faible, mais le plus important est de minimiser la demande externe de chauffage et de climatisation, qui se renouvelle chaque année. Des normes existent et elles devraient être appliquées en priorité au domaine locatif, que ce soit à la construction ou lors de toute rénovation. Les propriétaires, qui sont plutôt économes de leurs frais de chauffage, sont assez insouciants en effet de ceux de leurs locataires, et de nombreux dossiers de surendettement ont pour origine des factures de combustible ou d’électricité.

On sait pourtant construire des bâtiments qui n’ont besoin d’aucune énergie externe, tel ce groupe scolaire du Val de Marne qui fonctionnera en septembre 2007, mais, si le mieux est l’ennemi du bien, il ne faut pas oublier qu’il faut cinquante ans et beaucoup de matériaux et d’énergie pour renouveler un parc immobilier. L’aménagement de l’existant, à commencer par l’isolation externe et non interne des bâtiments est la première priorité. (Cf. « La Maison des Négawatts » de Thierry Salomon et Stéphane Bedeléd. Terre vivante.)

Mais les décisions générales comme l’établissement de normes ou l’interdiction du chauffage électrique à effet Joule échappent à l’initiative des collectivités locales. Il importe que chacun se responsabilise. Par ailleurs, il sera peut-être préférable de ne pas s’entêter, au nom de l’esthétique, à défendre telle ou telle règle qui deviendra parfaitement sans intérêt si la région devient totalement inhabitable. Cela n’interdit évidemment pas de protéger l’aspect et les abords immédiats des bâtiments historiques qui donnent sens à la vie locale, mais prohiber les éoliennes dans un rayon de 10 kilomètres à la ronde est un abus de droit grotesque qui empêchera à terme de vivre dans la région.

AGRICULTURE

Même si elle est en perte de vitesse, l’agriculture du département a forcément un avenir,

-parce que le rétablissement d’une priorité à l’aliment de provenance locale est inévitable du fait de l’augmentation du prix de l’énergie et donc du transport,

-parce que le relief montagneux du département et le réseau de canaux d’arrosage par gravité, donc sans dépense d’énergie de fonctionnement, qui en est l’équipement historique, garantissent mieux qu’ailleurs un approvisionnement en eau relativement stable, alors que les nappes phréatiques sont des stocks fixes, quasiment fossiles, qui ne se rechargent que très lentement, et devraient être réservés aux situations exceptionnelles,

-parce que des chômeurs jeunes et nombreux pourront se réinvestir dans cette branche, notamment en maraîchage, dès que la hausse du prix des fruits et des légumes, inéluctable elle aussi, redonnera à ce travail un sens économique dépassant celui de la simple autonomie alimentaire.

On peut enfin espérer qu’un micro-climat actuellement favorable, même détérioré par le bouleversement climatique, laissera au département des Pyrénées Orientales un certain avantage sur de nombreuses autres régions européennes.

Les engrais et pesticides venant en grande partie du pétrole, et provoquant par ailleurs des dégâts sur la santé que l’on commence à peine à mesurer, on peut supposer que l’agriculture « bio » a plus d’avenir qu’on ne pourrait le croire, surtout si des circuits courts réintègrent la valeur ajoutée chez le producteur, et si le recentrage sur les besoins de base amène les gens à accepter de consacrer une part plus grande de leur budget à l’alimentation. Entre le déficit structurel (et non conjoncturel) des systèmes de santé, et un budget alimentaire un peu élargi, saurons nous collectivement déterminer où se trouve notre bien être et notre véritable intérêt ? Il faut l’espérer.

Quand à l’énergie nécessaire à la production agricole elle même, aucune solution unique ne peut se substituer intégralement à la situation actuelle, et il est probable qu’un équilibre évoluera en permanence entre des carburants fossiles réservés aux usages les plus incontournables, des carburants d’origine végétale, dont la production mobilisera des hectares qui ne seront pas disponibles pour d’autres usages, ce qui les fera réserver à des utilisations bien délimitées, et de la traction animale, considérée par les centaines de millions d’agriculteurs qui la pratiquent sur toute la planète comme un progrès par rapport au travail des bras, et jugée même en Europe comme la plus efficace dans des domaines précis (vigne collinaire, maraîchage, débardage du bois notamment).

Il ne faut pas oublier que tous les choix s’effectuent actuellement dans un système de prix qui va basculer en quelques décennies, voire en quelques années, et que, encore une fois, anticiper sur cette évolution donnera un avantage incontestable. Les produits agricoles étant plutôt lourds, le grand bazar mondial des échanges de produits alimentaires va se calmer. Il faudrait bien sûr aider dès maintenant ceux qui sont disposés à travailler dans cette optique. Nous pensons notamment aux jeunes qui voudraient s’installer sur de petites surfaces et travailler en bio pour le marché local.

Il est probable que l’agriculture évoluera vers davantage de polyculture, qui donne en soi une plus grande sécurité économique à long terme, mais la viticulture standardisée qui a voulu affronter la concurrence internationale a selon nous peu de chance d’en réchapper, car le renchérissement des transports ne compensera pas tout de suite les incroyables différences de niveaux de salaires d’un continent à l’autre. Nous pensons par contre que la viticulture de terroir, qui aura su tisser des relations affective avec les populations locales, voire nationales, et les touristes, pourra tirer son épingle du jeu si la recherche de qualité , y compris « bio », ne faiblit pas, car le vin est, plus que tout autre produit, un symbole avant d’être un aliment. Et ceux qui auront su en faire un vecteur culturel et donner aux acheteurs l’envie de boire rituellement du vin de Lesquerde ou de Fourques auront peu à craindre du meilleur rapport qualité prix, plus technique que symbolique, d’un quelconque vignoble chilien ou chinois.

ADMINISTRATIONS ET SERVICES

Il faut espérer que le maintien des services publics sera raisonnablement assuré. Il est stupide et ruineux énergétiquement que toutes les naissances, tous les décès, toutes les convalescences, toutes les rééducations, etc., s’effectuent exclusivement à Perpignan, mais aussi que la moindre démarche de routine, la moindre opération postale, le moindre achat exigent obligatoirement du citoyen un trajet de 10, 30, voire 150 kilomètres. Les centres commerciaux excentrés seront mis en difficulté. Bien sûr Internet pourra éviter certains déplacements, mais sa banalisation nécessitera des terminaux publics aussi accessibles que des cabines téléphoniques, et, espérons le, plus confortables. De toute façon, l’achat d’un objet matériel exigera toujours un transport pour sa livraison, comme il y a mille ans.

Au delà du développement d’un artisanat spécifique visant à améliorer l’efficacité énergétique de l’immobilier en général, l’exigence d’économie des ressources naturelles devrait entraîner la montée en puissance des services de réparation ou de remise à niveau du matériel existant, qu’on ne décrètera plus obsolète avec autant de légèreté que maintenant. Si la prise de conscience des risques environnementaux et du gâchis générés par les incinérateurs progresse, le recyclage, la diminution à la source, et le compostage devraient diminuer massivement le poids des ordures par habitant , ce qui sera une autre source d’emploi ou d’activité économique selon la philosophie qui prévaudra.

C’est l’occasion de rappeler que le Mégawatt le moins cher à produire est actuellement le Négawatt, c’est à dire celui que des investissements intelligents permettent d’éviter d’avoir à produire(ibid). Encore faut-il que la charge ne soit pas externalisée, et que celui qui est à l’origine de la dépense soit aussi celui qui l’assume. Nous avons vu que ce n’est en général pas le cas en matière de logement et qu’il faut donc alors une intervention réglementaire au niveau de l’ensemble des prestataires, afin que la situation reste équitable. Cela risque d’être aussi le cas en matière de réparabilité ou de remise à niveau des biens d’équipement, de suivi des pièces détachées, ou, plus généralement, de Service Après Vente. Comme cela échappe actuellement en grande partie aux autorités régionales ou locales, nous en resterons là pour l’instant, mais ce dossier devra un jour être traité.

PRÉLÈVEMENTS DE RESSOURCES NATURELLES ET INDUSTRIE

On commence à se rendre compte que l’énergie solaire, la seule énergie renouvelable dont sont issues toutes les autres, souffre d’un grand déficit de recherche-développement. Même le marché du bois de chauffage est en train d’évoluer et de grandes évolutions sont là aussi probables (chaufferies collectives à haut rendement telles qu’en Cerdagne). Cependant, si ce combustible conserve de grandes possibilités dans la région, l’offre est limitée au niveau mondial, et la leçon de l’île de Pâques ou des agglomérations africaines devrait nous inciter à rester raisonnables(Cf « La fin du progrès ? » de Ronald Wrightéd. Naïve.). Il faut se tourner massivement vers le soleil, énergie essentiellement décentralisée, et chercher les processus permettant de capter cette énergie, de la stocker, et éventuellement de la concentrer et de la redistribuer. La création d’un pôle de compétitivité à Perpignan est une amorce de cette démarche, mais, dans l’attente d’inventions nouvelles ou de l’industrialisation de procédés encore au stade du laboratoire, des innovations déjà au point peuvent se diffuser.

Plutôt que de brader les terrains aux lotisseurs, opération non renouvelable qui stérilise la terre, les agriculteurs pourraient constituer des coopératives éoliennes, comme il en existe au Danemark, voire photovoltaïques, avec l’aide de capitaux locaux. En effet, l’énergie commence déjà à devenir chère, ce qui est un atout, d’autant que des tarifs de soutien aux formes de production renouvelables ont été instaurés, alors que les produits agricoles sont encore dans une phase d’abondance et de concurrence internationale peu favorable. Ces agriculteurs assureraient ainsi les 30 à 40% de revenus (ratio observé dans l’Est de la France) qui leur permettraient de passer peut-être le cap de la période actuelle. De plus l’agriculture consiste déjà à transformer l’énergie solaire en énergie alimentaire, et il n’y aurait là au fond qu’un élargissement de leur métier de base, et non une rupture, comme certains la vivent avec l’accueil touristique. Ce serait de toute façon plus sain et plus pérenne que de devoir leur survie à des primes et subventions qu’un trait de plume de Bruxelles peut supprimer.

Par ailleurs, pour faire rouler les trains, il faut du fer, et nous en avons dans le département. Le guide du Musée d’Escaro nous a appris que l’exploitation de la mine a été interrompue en 1964 parce que le minerai y revenait 1,5 fois plus cher que celui de Maurétanie. Ce différentiel est monté à 2, puis à 3, mais il est redescendu à 2. L’évolution va probablement se continuer avec l’augmentation du prix de l’énergie, et on peut imaginer que, dans quelques années, on cherche à nouveau à extraire du fer du Canigou, puisque les gisements sont, paraît-il, riches et abondants. Toutefois, il ne s’agira pas de rétablir ce qui a fonctionné jusqu’en 1964 ou de reconstruire des forges catalanes au bois. Notre gisement solaire est également excellent et une métallurgie solaire lourde reste à mettre au point. Mais les atouts sont là, et la renaissance d’une sidérurgie « high tech » pyrénéenne est sans doute plus à la portée d’une volonté politique majeure que la fusion nucléaire, qui est un gouffre financier dont l’objectif, quasi religieux et monstrueusement centralisé, s’éloigne d’une décennie tout les dix ans.

On nous avait demandé de rêver et nous avons voulu le faire jusqu’au bout.

P.S.: 

Lire également sur ce même site, et à ce sujet, les propositions de l’association.

Rencontre avec la mairie

Étaient présents :

  • M. Jean-Paul ALDUY, Maire
  • M. Marcel ZIDANI, Conseiller Municipal
  • M. Christophe DUFFO, Conseiller Municipal
  • M. Pierre ROIGT, Dir. du service voirie
  • M. FIGUEIRAS, M. vélo de la ville de Perpignan
  • M. Lionel FARA, PMCA

– Mme. Emmanuelle CANDORET, et M. Thibaut LEGAYE de « Vélo En Têt ».

De nombreux sujets ont été abordés dans le désordre. Ce compte-rendu essaie de faire une synthèse un peu organisée de chacun de ces points.

M. Zidani a insisté sur les efforts réalisés par la municipalité en faveur du vélo. Vélo En Têt, nuançant très fortement cette allégation, fait un état des lieux fort différent.

1) Centre-ville

-1.1) Zone 30

Vélo en Têt a rappelé que depuis le début de la conception du PDU, qui n’est toujours pas approuvé, l’extension de la [?zone 30] à l’ensemble des rues situées à l’intérieur des Rondas a plusieurs fois été promise.

Notre association demande que cette mesure soit enfin mise en œuvre et que la ville de Perpignan réalise cet aménagement pas seulement en plantant des panneaux 30 au début des rues de la zone, mais avec des aménagements qui ralentissent réellement la vitesse de pointe des voitures (plateaux piétons, voies étroites, sens uniques, Contre-courants cyclables,…), comme le CERTU le recommande.

Pour la ville de Perpignan, M. Zidani répond que cette extension de la zone 30 a déjà été commencée et concerne plusieurs rues. Il affirme que la ville nourrit toujours ce projet mais que la vitesse de l’action municipale ne le permet pas aussi rapidement que « Vélo En Têt » le souhaite. Il insiste sur la volonté de la ville de conduire ce projet quelle que soit la durée nécessaire.

M. Legaye, pour « Vélo En Têt », suggère alors de faire rapidement un test pour cette extension de zone 30 en direction de la rue Vieilledent.

Cette rue très large, ou la vitesse des véhicules est parfois élevée, abrite en effet des écoles, un collège, et est utilisée par beaucoup de voitures comme un itinéraire de traversée du centre ville. Pour toutes ces raisons, la zone 30 y serait efficace en terme de confort et de sécurité des piétons, des cyclistes, des élèves, des riverains. La ville de Perpignan promet d’étudier cette possibilité.

-1.2) Intraversabilité

Vélo En Têt rappelle alors sa proposition de principe d’intraversabilité du centre ancien. Il s’agit de conserver l’accessibilité des véhicules partout en ville, ce qui est nécessaire pour les artisans, les livreurs, les riverains, la sécurité…. Mais, dans le même temps, de dissuader fortement la traversée du centre ville par les véhicules motorisés. Nous affirmons que cela rend la ville plus agréable, diminue le trafic automobile dans le centre, incite par conséquent à l’utilisation de modes de déplacement doux (vélo, marche), et conserve l’accessibilité pour les véhicules indispensables.

La ville de Perpignan, par la voix de plusieurs représentants, dont le Maire, adhère à ce principe. Elle annonce par ailleurs que le projet de circulation du « petit bus » dans les rues du centre ancien doit la conduire à modifier le sens de circulation de certaines rues, et supprimer certains de cet itinéraires de traversée.

On évoque par exemple la rue de l’Argenterie (sept. 2006) et Vélo En Têt demande que lors de ce changement, on instaure un Contre-courant cyclable dans cette rue. La mairie promet d’en étudier la possibilité.

-1.3) Plateau piétonnier

Selon M. Le Maire, J.-P. Alduy, les commerçants y sont opposés.

Mme Candoret rappelle alors que l’association a organisé plusieurs consultations, des distributions de tracts dans les rues commerçantes du centre ancien en expliquant l’intérêt des modes doux pour les commerces de proximité, et qu’elle a reçu un accueil favorable des commerçants. Par ailleurs des études ont montré que les commerçants sous-estiment la part des modes doux et surestiment la part des automobilistes dans leur clientèle (Goût, 1996, p. 69).

La discussion et les exemples portent alors sur les rues des Augustins, d’Alsace-Lorraine, des Marchands. M. Zidani rappelle qu’à son initiative, la r. Louis Blanc a été rendue piétonne, puis à nouveau rendue aux voitures dans les années 1990.

En conclusion, M. J.P Alduy s’est déclaré favorable à la piétonisation mais fait état du « problème de mentalités » à faire évoluer (mauvaise analyse des commerçants reliant la baisse de fréquentation aux difficultés d’accès du C.V. en voiture).

-1.4) Contre-Courants Cyclables

Les demandes de rues à Contre-Courant Cyclable demandées par Vélo En Têt sont encore à l’étude. M. ROIGT du service voirie nous promet une réponse très bientôt. Quant à la r. Diderot, sa mise en Contre-Courant Cyclable est d’ores et déjà prévue, et doit être réalisée très prochainement.

-1.5) Stationnement automobile

Selon M. le Maire, cette question est un point de désaccord entre la ville et Vélo en Têt. Il affirme que les nouveaux résidents en ville sont nombreux aujourd’hui, qu’il souhaite conserver voire accentuer ce phénomène, et qu’il est par conséquent nécessaire d’offrir du stationnement pour attirer ces résidents, et éviter la « désertification » du centre.

En se basant sur l’étude du dossier d’enquête publique sur l’extension du secteur sauvegardé, Vélo En Têt affirme au contraire que l’offre de stationnement est suffisante pour les résidents, et que l’accroissement de l’offre de stationnement est utilisée par les mouvement de [?migration pendulaire] (ceux qui viennent le matin, et repartent le soir).

La ville de Perpignan rappelle que cette offre de stationnement est nécessaire également pour les activités « culturelles » de la soirée. Pour nous, ce problème serait en partie résolu par une offre de Transport en Commun plus tardive (elle est inexistante aujourd’hui).

2) Transport en Commun

A ce sujet, M. Alduy (sans doute au nom de la CAPM) annonce que sera étudiée la possibilité d’un service de nuit, et surtout qu’il s’attache à développer la multimodalité, c’est-à-dire la possibilité d’emporter son vélo dans un autre mode, le train ou le bus par exemple. Vélo En Têt s’en réjouit et espère que cette annonce sera rapidement suivie d’effet. M. Alduy doit quitter notre réunion à ce moment là. Il conclut son intervention en affirmant que l’équilibre des modes de déplacement est une priorité pour son équipe, même si elle a pu par le passé paraître parfois un peu oubliée. Il rappelle sa réelle volonté d’aller dans le sens d’une promotion des modes alternatifs, et affirme qu’il est prêt à accepter la demande de notre association d’organiser une ligne de budget séparée pour la promotion et les aménagements en faveur de la bicyclette.

3) Liaisons cyclables Centre-Périphérie

-3.1) Catalunya-Perpignan via les Arcades.

M. Fara, de la CAPM, annonce qu’un itinéraire cyclable sera aménagé sur le bord du canal entre le rond-point René Cassin et l’aqueduc des arcades, ainsi que sur la traversée de cet aqueduc au dessus de la rocade sud (ouvrage en béton). En revanche, le service des bâtiments de France refuse son aménagement sur l’ancien aqueduc en brique. Les cyclistes seront donc contraints de descendre avant, puis de remonter après l’aqueduc ancien, ce que l’ensemble des participants regrette.

-3.2) rue Frédéric Mistral

Vélo En Têt rappelle que cet aménagement cyclable est inutilisable, et que nous avons proposé au service voirie de la Ville de Perpignan un autre aménagement plus efficace (à double-sens) et dont la disposition imposerait de fait son respect par les voitures.

-3.1) Canet-Perpignan

Vélo En Têt, lors de la disparition de l’itinéraire cyclable sur la RD617a (ancienne route de Canet), a demandé son remplacement par un itinéraire cyclable agréable, séparé du réseau automobile, continu et direct.

M. Fara, annonce que 4 solutions sont à l’étude.

-*a) RD 617

Le CG continue son aménagement de la RD617a (glissière centrale en béton) en faisant disparaître de facto la surlargeur utilisable par les vélos. Il maîtrise le foncier sur les bords de cette route et des travaux sont déjà en cours pour aménager des portions d’itinéraires de desserte agricole qui devraient être accessible aux cycles. Le CG aurait le projet de réaliser, le long de cette RD un itinéraire cyclable.

-*b) Correc de Lloberes

C’est l’itinéraire proposé par Vélo En Têt. Selon nous le plus efficace, le plus agréable, direct, et attirant.

M. Fara explique qu’une Déclaration d’Utilité Publique (Lire à ce sujet, notre demande d’une E.U.P. NDLR) serait nécessaire à sa réalisation car il concerne de nombreux propriétaires.

L’enquête d’Utilité Publique est par ailleurs une procédure longue qui repousserait l’échéance d’une réalisation. Mais Vélo En Têt craint qu’en favorisant maintenant une autre projet, on n’obtienne jamais celui-ci. Notre association soutient donc avec enthousiasme celui-ci, en priorité.

-*c) Mas Llaro

Un projet alternatif de la CAPM emprunterait un itinéraire sur voie mixte vélo/voiture. On y favoriserait des circulation de riverains. On dissuaderait le trafic de transit. La CAPM peut avec facilité maîtriser rapidement le foncier sur cet itinéraire, et donc le réaliser dans un délai court.

Selon nous cet aménagement,

-**moins direct,

-**plus exposé au vent,

-**autorisé pour les automobiles,

-**moins attirant pour le vélo « loisir » comme pour le vélo quotidien utilitaire,

-**avec des parties en fort dénivelé, provoquerait moins de report modal (transformation d’automobilistes en cyclistes) que le précédent.

Par ailleurs, nous craignons que la réalisation de ce projet ne reporte « sine die », et finalement ne rende caduque, la réalisation de l’itinéraire précédent. M. Fara assure cependant que les deux itinéraires peuvent être finalement réalisé.

-*d) traverse de la déchetterie Un dernier itinéraire consisterait à réaménager la traverse de Cabestany par la déchetterie. Ici aussi la mixité avec les voitures, le trafic rapide, n’inciterait pas, selon nous, à la pratique du vélo.

-3.2) Villeneuve-Perpignan

Il a été rappelé que la piste qui part du moulin à vent vers Villeneuve serait, en partie, prolongée. Vélo en Têt a fait remarquer que la discontinuité de la piste cyclable, qui a été réalisée, rendait cet itinéraire, par endroits, plus dangereux qu’auparavant, d’autant que cette route est désormais élargie, davantage utilisée et à plus vive allure par les voitures. Des comptages de vélos sur cette axe pourraient déterminer si l’aménagement a fait progresser ou baisser son usage.

-3.3) Toulouges-Perpignan

Le prolongement de cette liaison en direction du centre,du Pont SNCF jusqu’à l’église St Martin, serait prévu. Mais à partir de là les vélos seraient déviés (par une espèce d’itinéraire bis pour vélos) par les petites rues pour rejoindre le centre-ville. Mr Fara a signalé que le tronçon manquant n’était pas envisageable en raison du manque de place. Vélo En Têt regrette qu’encore une fois la piste cyclable s’interrompe à l’entrée de Perpignan dans une zone très fréquentée ou la mixité voiture/vélos est périlleuse pour les cyclistes. Notre association remarque que sur cette portion on offrira certainement aux voitures de l’espace pour le stationnment, des voies de « stockage » au feu, et autres voies de « tourne-à-gauche ».

4) Clou Rouillé

Vélo En Têt a proposé à la Fubicy (Fédération des Usagers de la Bicyclette) dont elle est membre, l’élection de la Ville de Perpignan pour le trophée du « Vieux Clou Rouillé » qui récompense un aménagement particulièrement décourageant pour la pratique de la bicyclette en ville. L’aménagement proposé était la bande cyclable de l’avenue Pau

Casals, devant le lycée Maillol, encombrée en permanence par des voitures stationnées illégalement.

« Aucune voiture n’est verbalisée et le panneau « Bande Cyclable » est tourné en dérision. Qu’on fasse respecter cet aménagement, ou qu’on le supprime pour mettre fin à cette hypocrisie. » avait écrit Vélo En Têt à la Fubicy.

M. Zidani, après nous avoir confié la grande tristesse dans laquelle l’a plongé cette proposition, attire notre attention, avec M. Roigt, sur le fait que notre proposition de « suppression » aurait pu être prise au sérieux par le Groupe de travail du service voirie. Ils expliquent la difficulté qu’il y a à faire respecter les Bandes Cyclables, et évoquent le faible effectif de la Police Municipale.

Vélo En Têt annonce que Perpignan n’a pas été désignée lauréate de ce Prix du « Clou Rouillé » et affirme encore une fois qu’il vaut mieux ne pas compter dans les équipements cyclables de la ville de Perpignan ceux qui ne sont pas utilisables parce qu’on y laisse en permanence des voitures stationnées.

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La mairie nous a adressé son propre compte-rendu de cette réunion, rédigé par M. Figueras. Nous vous le livrons ici pour votre complète information.

Compte-rendu de la mairie.

M. ZIDANI rappelle que cette réunion a été organisée dans le but de faire le point sur la politique de la ville en faveur des 2 roues non motorisées.

M.LEGAYE interroge M. ZIDANI sur quelques principes d’aménagement urbain :

-Pourquoi la ville, qui est saturée d’automobiles, continue t-elle de réaliser de nombreux parkings dans son centre entraînant plus de circulation pour y accéder au lieu de rendre piétonnes certaines voies comme le souhaitent certains commerçants (président association rue des AUGUSTINS).

-Pourquoi la ville ne modifie-t-elle pas la circulation du centre ville, évitant les traversées, on doit pouvoir y entrer, en sortir mais éviter les traversées complètes.

En attentant l’arrivée du maire M.ZIDANI répond :

-Les parkings sont nécessaires au maintien de l’activité en centre ville. La ville s’inscrit dans une politique de revitalisation de celui-ci par la relance des commerces et de l’habitat. L’aménagement d’appartements inoccupés entraîne aussi une demande.

-La municipalité est favorable à la piétonisation dès lors que les usagers le souhaitent. Une enquête est en cours autour de la rue des Augustins.

La ville et la communauté d’agglomération travaillent afin de retenir les automobiles en périphérie de la ville. Elles développent des parcs-relais et un maillage par le réseau de transport en commun.

J.P.ALDUY confirme et promet l’étude de sens de circulation qui évite la traversée du centre ville. La ville est un corps social et c’est une diversité.

Th. Legaye rappelle les nuisances de l’automobile en ville (bruit, pollution, problème de stationnement). Il affirme que le nombre de places de stationnement pendulaire est trop important. Il réclame une politique affirmée en faveur des vélos, des contre sens cyclables,demande l’extension de la zone 30et une médiatisation de ces équipements.

J.P.ALDUY précise qu’il existe une culture locale conditionnée par l’usage de l’automobile. La ville va réhabiliter 2500 appartements, aujourd’hui elle ne possède pas ce parc de stationnement. Nous assistons à un retour de population sur la ville, en 15 ans PERPIGNAN a vu sa population augmenter de 20 000 habitants.

En matière de stationnement, la politique de la ville est de faire reculer le pendulaire, la part de celui ci est faible. Dans le secteur du quai de HANOVRE, il est impossible de trouver une place de libre dans la journée ; nous allons donc installer des horodateurs dans ce secteur de la ville.

La volonté municipale existe et M.FIGUERAS est chargé du dossier 2 roues. Aujourd’hui existe un grand débat autour de la rue des AUGUSTINS. Changer les mentalités OUI, mais sans être brutal. Il faut étendre la zone 30 et proposer la rue FOCH.

Synthèse de J.P. ALDUY : mon expérience est basée sur la répartition harmonieuse de l’espace et le développement des transports en mode doux . Ce développement des transports est oublié, il existe cependant une demande externe très forte, nous sommes dans une phase de redéploiement. Des problèmes spécifiques existent en centre ville, il faut étendre la zone 30. L’effet conjugué de ces propositions, diminuera le trafic urbain.

Départ de J.P.A.

L.FARA expose les différents dossiers concernant le chemin cyclable :

-# au niveau du pont des ARCADES : Cette liaison sera réalisée parle franchissement des différents obstacles. Elle permettra, au sud, de relier le ruisseau de « Las CANALS » vraisemblablement par le SERRAT d’En VAQUER. Au Nord elle permettra de relier le collège Mme de SEVIGNE par les voies existantes.

-# La liaison PERPIGNAN CANET. Quatre itinéraires sont proposés :

-**a)en longeant la départementale 617.

-**b)en longeant le ruisseau de Les LLOBERES.

-**c)voie communale plus au Sud passant par le Mas LLARO.

-**d)voie communale en limite de CABESTANY et passant par la déchetterie intercommunale.

L’itinéraire n°2 impliquera de procéder à une D.U.P. cette réalisation ne verra pas le jour avant 3 ans. En revanche il serait souhaitable d’étudier les propositions 1,2 ou 4 qui verraient la liaison PERPIGNAN CANET terminée en l’espace d’un an.

M. LEGAYE précise que l’itinéraire n°2, est le plus agréable pour les balades, et son cadre exceptionnel permettrait de l’inscrire parmi les voies vertes de France. Cet itinéraire verrait sa fréquentation augmenter, certains l’emprunteraient pour des trajets professionnels et les écoliers pourraient rejoindre leur établissement scolaire. .

L’association craint qu’une fois la solution 1,3,ou 4 réalisée pour la liaison CANET-PERPIGNAN, on ne traite plus le chemin de Les LLOBERES.

M.ZIDANI remarque que cette distance est importante (de ville à ville) pour des trajets professionnels. Cet itinéraire est isolé , il n’est pas recommandé de laisser un enfant l’emprunter pour aller à l’école surtout en hiver. En été, il conçoit que l’on puisse s’y balader.

La crainte de Vélo en Têt, est un manque de confiance, ce n’est pas sérieux ! La municipalité fait preuve de transparence et comme l’a dit J.P.A., il existe une volonté municipale.

Les P.-O., « département Nature » dans 10 ans

ans son édition du 6 avril 2006, le journal la Semaine du Roussillon lance un appel pour réinventer l’avenir de notre agglomération et de notre département, et en faire un département pilote, une référence en matière de société durable et écologique. Vélo en Têt applaudit, et fait des propositions.

Les collectivités concernées :

organisent au nom de la «démocratie participative» diverses réunions où la parole est donnée aux citoyens et aux associations. On ne compte plus les propositions concrètes d’évolution des pratiques actuelles qui émanent de la société civile, et qui émergent au cours de ces vifs et intéressants débats. Vélo en Têt qui fait partie de ces associations, essaie ici de dresser la liste de ces propositions les plus urgentes.

Au sujet des transports

  • Attendu qu’on ne favorise pas les modes de transport alternatifs à l’automobile individuelle,
  • Attendu que chaque euro dépensé en faveur de la voiture ne l’est pas en faveur des modes doux et non polluants, ou des transports en commun,
  • Attendu que la création de parkings pour voitures incite à l’utilisation de la voiture, et provoque un trafic supplémentaire dans le centre,
  • Attendu que l’important trafic automobile en ville, et son augmentation, nuisent au commerce du centre ville et des quartiers, et au développement de l’utilisation de modes de transport doux et non polluants,
  • Attendu que le PDU (Plan de déplacements urbains) a pour objectif la réduction du trafic automobile,
  • Attendu qu’on ne peut pas favoriser tous les modes de transport, et qu’il faut choisir entre la voiture et les modes de transport moins polluants,
  • Attendu que de nombreuses villes européennes et françaises ont depuis longtemps engagé de véritables politiques de baisse du trafic automobile,

En conséquence, il est urgent :

  • Qu’un service promotion des transports doux et des TC soit créé à la mairie de Perpignan, doté d’un budget de fonctionnement, de postes d’agents territoriaux, et qu’il soit impliqué dans tout nouveau projet de voirie.
  • Qu’on renonce dès à présent à la construction de tout nouveau parking en centre ville,
  • Que l’argent ainsi économisé soit utilisé pour financer l’amélioration des transports en commun, voire la gratuité pour des catégories de populations (collégiens, lycéens, employés, seniors etc…)
  • Nous souhaitons également que soit adopté un moratoire sur les aménagements en faveur de l’automobile (rocades, parkings, élargissement de voies), au profit d’une véritable politique favorisant les TC en site propre, la marche à pied, et la bicyclette.
  • Nous suggérons que dans les budgets des collectivités, une ligne particulière, différente de celle concernant les automobiles, soit affectée aux équipements consacrés au vélo, afin de rendre visible l’effort accordé à la bicyclette, et celui consenti à l’automobile.
  • Nous espérons que sera mise en place une utilisation des sens uniques pour les voitures qui vise à empêcher la traversée du centre et des quartiers par les voitures, et une généralisation des contre-sens cyclables (Aménagement cyclable) pour les vélos.
  • Que la place Arago, le quai Sadi Carnot, la rue Foch, la rue des Augustins, la place Bardou-Job, rendues piétonnes, constituent un « noyau » intraversable en voiture.
  • Qu’une véritable Zone 30 soit créée qui couvre l’ensemble du centre circonscrit par les boulevards.
  • Que des Zone 30 soient créées dans les quartiers (habitation).
  • Nous invitons les collectivités à agir efficacement contre le stationnement sauvage des voitures sur les trottoirs et les Bandes Cyclables, par des actions répressives de la police municipale associées à une sensibilisation des conducteurs au problème que celui-ci pose aux handicapés, aux non-voyants, et aux piétons en général.
  • Que les boulevards de périphérie de la ville (les Rondas) consacrent au maximum 2×1 voies au voitures, et que la place ainsi dégagée soit utilisée pour
    • des couloirs de bus en site propre autorisés aux vélos (Aménagement cyclable), et protégés par muret,
    • des trottoirs élargis,
    • du stationnement en épi autour du centre-ville.Et enfin, nous souhaitons que l’espace qui n’est pas encore consacré aux automobiles soit rapidement réservé aux piétons et aux bicyclettes,comme les rives de cours d’eau, les chemins communaux, etc…

Sur les Déchets

1-Réduction des déchets à la source

  • Actions de la ville pour développer les petits marchés de proximité, et de quartier, en favorisant notamment :
    • la vente en vrac et à la coupe,
    • les producteurs locaux,
    • les commerces de quartier et de proximité.
  • Moratoire sur l’extension ou l’installation de nouvelles grandes surfaces commerciales de périphérie en ZAC. Malgré le mal qu’elles ont déjà causé au commerce de proximité, on continue aujourd’hui d’en créer.
  • Campagne de communication sur la réduction de déchets à la source.
  • Taxer les entreprises productrices de gros tonnage de déchets(restauration rapide, sachets de caisses, huiles de vidanges,… )
  • Réclamer auprès des producteurs et des commerçants la consigne des emballages ré-utilisable (bouteille, pots de verre, etc…)
  • Favoriser des programmes de réduction d’emballage chez les producteurs locaux (biscuiteries, chocolats,..)

2-Tri

  • Étendre le Tri sélectif des déchets à l’ensemble des quartiers de la ville.
  • Étendre le Tri des déchets aux entreprises (papier, carton, plastique,ordinateur, etc…).
  • Développer des filières de valorisation et de Recyclage (fer, verre,papier, …)

Sur les Énergies renouvelables

  • Que nos collectivités s’impliquent dans des campagnes de promotion des économies d’énergies.
  • Que le PLU (Plan local d’urbanisme) impose que toute nouvelle construction soit équipée de Panneaux solaires thermiques pour la génération d’Eau Chaude Sanitaire et de Chauffage.
  • Que le PLU impose que toute nouvelle construction, individuelle,collective, ou opération de lotissement, soit faite avec un objectif de qualité environnementale, notamment en ce qui concerne :
    • isolation,
    • économie d’énergie,
    • commerce de proximité,
    • baisse du trafic automobile,
    • accessibilité piétonne et cyclable,
    • proximité de Transport en Commun,
    • économie du terrain,
    • conservation des espaces verts…
  • Qu’on refuse, le passage de lignes à Très Haute Tension, destinée à vendre de l’électricité nucléaire à l’Espagne.
  • Que le département développe l’exploitation du potentiel Hydroélectrique.
  • Que l’on favorise, par des mesures de zones franches par exemple,l’installation de parcs d’éoliennes de pleine mer au large de notre littoral.

Toutes ces mesures sont urgentes pour rattraper le retard pris en matière de protection de l’environnement.

L’Emploi

Ces axes d’actions étant adoptés, on verrait se développer, et on devrait favoriser, autour de Perpignan et dans le département des activités créatrices d’emploi.

Dans le secteur de l’Énergie, notre département a historiquement été à la pointe de la recherche sur les énergies renouvelables, à l’époque des programmes de four solaire à Targassonne, à Odeillo, à Mont-Louis. Ces activités n’ont pas été soutenues autant que la situation l’impose, mais ce capital humain et technique existe encore, comme le prouve l’installation de certaines entreprises à TechnoSud, ou à Mont-Louis.

Avec l’éolien qui est aussi très intéressant dans les PO, ils constituent des secteurs porteurs d’activité :

  • fabrication de capteurs solaire pour Chauffe-Eau, Chauffage,applications industrielles.
  • installation et maintenance d’installation solaire dans l’habitat et l’industrie.
  • fabrication de générateurs éoliens.

L’Agriculture locale, avec la viticulture, deux secteurs phares de notre pays, profiteraient d’un développement d’un label biologique, qui s’accompagne toujours d’un label de qualité. Elles seraient dynamisées par une politique de relocalisation des échanges, et redonneraient ainsi richesse et dignité à des producteurs souvent exsangues.

Le tourisme de masse sur les barres de béton du bord de mer a fait son temps. Il a démontré qu’il n’a jamais réussi à fournir de l’activité stable et durable à la population locale, mais tout au plus un emploi précaire dans des entreprises d’une saison. Un tourisme vert, de proximité, dans un cadre préservé, accessible à pied, à vélo ou à cheval, cela existe dans des pays où la météo est beaucoup moins favorable. Et cela constituerait un atout économique durable pour le département, mieux réparti et avec moins d’impact sur l’environnement.

P.S.: 

Lire également sur ce site, les propositions d’un membre de Vélo en Têt qui a rédigé sa participation personnelle.