Une indispensable liaison cyclable Perpignan-Canet

Depuis peu, l’extension du réseau de bus de la communauté d’agglomération permet de se rendre à Canet pour 1,10 euro. Mais hélas, les nombreuses et larges routes qui y mènent font que la plupart des gens s’y rendent en voiture.

Pourquoi s’y rendre à bicyclette ?

Tout d’abord pour tous ces gens qui vivent à Canet, et travaillent à Perpignan. Ils parcourent chaque matin une petite dizaine de kilomètres en voiture, se retrouvent dans un embouteillage à l’entrée de la ville, cherchent une place pour se garer, et participent ainsi à la production de Gaz à Effet de Serre, la pollution de l’air, la course guerrière pour le pétrole, la congestion de la ville. Dans les pays habitués à l’usage de la bicyclette, personne ne serait surpris qu’on couvre cette petite distance à bicyclette deux fois par jour.

Puis, pour les Perpignanais, promeneurs du dimanche, qui passent volontiers une journée avec leur pique nique au bord de la mer, et qui pourraient faire de cet itinéraire un moment de plaisir, une promenade de santé.

Pour les touristes enfin, si courtisés dans notre département, qui viennent souvent de pays ou l’usage de la bicyclette est plus naturel que celui de la voiture, et qui visiteraient avec plaisir Perpignan à bicyclette, avant de retourner camper et se cuire sous le soleil du bord de mer.

Par où faut-il passer ?

Pas par la route à quatre voies sur la berge de la Têt, évidemment. C’est une véritable autoroute qui a contribué un peu plus à saturer la ville de circulation automobile, et qui a confisqué pour les voitures un itinéraire qui aurait tout naturellement constitué une promenade idéale, sur la rive d’un cours d’eau, en observant des oiseaux, loin des routes, avec une déclivité progressive, pour des marcheurs comme pour les cyclistes… A l’époque, notre association, avec d’autres, avait combattu ce projet qui a fait disparaître de nombreux chemins, et qui fait aujourd’hui la démonstration qu’on peut dépenser beaucoup d’argent pour détruire un milieu, multiplier les voitures, et gagner deux minutes pour rejoindre plus vite… un bouchon.

On n’empruntera pas non plus la RD 617 qui passe entre un centre commercial et Château-Roussillon. A une époque, cette route était bordée par une bande praticable, paraît-il, par les vélos. C’était un itinéraire bien désagréable, couvert de gravier ou de morceaux de verre, où le cycliste se faisait frôler en permanence par des bolides. Peu de parents y auraient envoyé leur enfant, même adolescent, et seuls quelques téméraires l’empruntaient, faute de mieux. De toute façon cette bande cyclable a disparu depuis qu’on a construit une espèce de glissière centrale, un toboggan à voitures, qui semble devoir servir à guider dans le droit chemin les véhicules de ceux qui conduisent en état d’ivresse, le samedi soir, plutôt que de les laisser piquer un somme dans une vigne… Nous devons certainement vivre dans le seul département français où une voie cyclable puisse disparaître, mais celle-ci n’est pas une grosse perte… A ce moment là, notre association avait réclamé, puisqu’on supprimait un des rares aménagements cyclables, qu’on en crée un autre, en site propre, ailleurs, et qui offre un itinéraire équivalent. Cette demande est restée lettre morte.

En partant de Canet, on peut aussi passer par Sainte-Marie-de-la-mer, puis Toreilles, Villelongue de la Salanque, Bompas, et arriver à Perpignan par la piste cyclable du Parc des Expos. C’est un itinéraire assez sûr, avec de longues distances sur piste en site propre, assez agréable bien qu’il longe souvent la route départementale d’assez près. Notre association a déjà organisé une balade découverte sur cet itinéraire qui permet de rejoindre la mer, à Sainte-Marie par exemple. Mais il oblige à faire un assez grand détour pour les Canétois, et rejoint la ville au nord, alors que la plupart des gens travaillent au sud.

L’objet de cet article est donc de réclamer une nouvelle fois la création d’un véritable itinéraire cyclable entre les deux villes, et de proposer un parcours efficace, direct, sans déclinaison, facile et peu coûteux à aménager.

El Correc de les Lloberes.

Il existe un cours d’eau, généralement à sec, qui quitte Perpignan près du quartier du Clos Banet, et qui rejoint Canet près du camping « Ma Prairie ». Ce cours d’eau est bordé sur toute sa longueur de voie de service ou de voies agricoles. Il semble ne traverser aucune propriété. Il descend régulièrement vers Canet, ne traverse que deux routes de faible importance, au droit desquelles il est facile de concevoir un carrefour avec une piste cyclable. Il est assez peu arboré, mais son aménagement en piste cyclable pourrait aisément s’accompagner de plantation. Il ne traverse pas la commune de Cabestany, qui est réticente à l’adhésion à la Communauté d’agglomérations, et avec laquelle la ville de Perpignan a du mal à faire aboutir un projet, et il est donc entièrement sur le territoire des deux communes concernées. Enfin, il est partout éloigné des réseaux routiers importants, et constituerait donc un itinéraire agréable, qu’on emprunterait chaque matin avec plaisir (et avec bénéfice !) pour se rendre à son travail en ville.

Nous allons décrire ici cet itinéraire de l’ouest vers l’est.

Clos Banet.

Notre association a déjà dans d’autres documents décrit des solutions pour relier le quartier du Clos Banet avec le centre ville de Perpignan : par l’avenue Rubens, pour rejoindre le Boulevard Jean Bourrat, ou par le parc Sant Vicenç, qui sera bientôt aménagé, puis en traversant le quartier du Vélodrome… Si des aménagements cyclables sont un jour enfin réalisés dans notre ville, ils constitueront petit à petit, un réseau maillé.

Si on quitte ce quartier du Clos Banet vers l’Est, en passant devant le lycée professionnel Charles Blanc, on traverse la route RD22, puis le quartier résidentiel MASSILIA par sa rue principale. Il y a quelques mois, des venelles piétonnes permettaient aussi de traverser ce quartier, mais elle ont été condamnées par des grilles qui pourraient facilement être ré-ouvertes.

On arrive au rond-point du bois des Chênes. De l’autre côté de ce rond point, un ruisseau à sec, le Correc de les Lloberes s’engage dans une petite forêt de chênes le long d’un lotissement récent. En fait, en suivant jusqu’ici cet itinéraire, nous suivions déjà ce ruisseau depuis le lycée Charles Blanc, mais il n’apparaît en surface qu’à partir de ce rond point. Ce début d’itinéraire cyclable, bien aménagé, permettrait donc aux habitants de ces lotissements de rejoindre la ville à vélo. Suivons encore le ruisseau, et nous croisons la route qui va du grand centre commercial à Cabestany. Observons que cette voie permet donc au vélo de rejoindre aussi ce centre commercial. On est ensuite empêché de suivre tout droit le Correc, mais on contourne facilement le mas (où se vendent des armes) par la gauche (au nord) pour rejoindre le Correc juste derrière le bâtiment.

Mas Llaro.

On le suit ensuite pendant un peu plus d’un kilomètre sur sa rive gauche, jusqu’à franchir une route qui s’appelle joliment « chemin de Charlemagne », sans doute parce qu’elle suit le trajet de l’ancienne voie romaine : la Via Domitia. En continuant, on croise la route de Mas llaro, un peu surélevée, avec laquelle un carrefour serait facilement aménagé, qui permettrait de multiplier les itinéraires possibles pour les vélos. Pour l’instant il faut remonter sur cette route, puis redescendre dans le Correc en rive droite. Mais les plus acrobates peuvent s’amuser à descendre dans le lit sec du Correc, et franchir cette petite route en passant sous le pont. Le Correc traversera ensuite une autre petite route, deviendra un peu plus sinueux, vous le suivrez en rive droite jusqu’à ce que, en croisant une toute petite route, des roseaux vous obligent à traverser un gué et à poursuivre en rive gauche sur quelques centaines de mètre. Le pont suivant vous permet de reprendre la rive gauche. Au prochain gué, on traverse une dernière fois le Correc, et on emprunte une petite route qui vous mènera, au terme d’un trajet d’à peine six kilomètres, au camping « Ma Prairie », à Canet.

Canet.

Ici, en suivant des rues assez calmes du lotissement, vous rejoindrez la route de Saint Nazaire qui pénètre dans Canet Village en passant sous la voie rapide. Vous trouverez aussi le début d’une piste cyclable qui vous emmènera à la Piscine Europa, et plus loin à la colline des loisirs, puis le port de Canet. A vous de choisir l’itinéraire qui vous emportera vers la mer, ou vous ramènera à Perpignan.

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« Vélo en Têt » est disposée à accompagner sur cet itinéraire, tous les élus, les techniciens, les responsables qui souhaitent s’y intéresser.Il est aujourd’hui praticable surtout en VTT, mais un vélo de ville peut aussi le suivre. Pour être efficace, attractif, et utilisé quotidiennement, il nécessite évidemment quelques aménagements : une surface roulante lisse et régulière et des arbres pour éviter que la tramontane ne décourage les cyclistes ; quelques bancs avec une fontaine ; des carrefours bien conçus et un fléchage régulier des itinéraires. Le coût d’un tel aménagement sera toujours très inférieur à un aménagement pour les voitures, mais sa valeur, pour le plaisir qu’il peut apporter, pour sa capacité à transformer quelques automobilistes encyclistes quotidiens, sera beaucoup plus grande.

P.S.: 

Lire nos autres articles au sujet de ce projet :
– Notre demande d’Enquète d’Utilité Publique.
– L’évocation des autres itinéraires envisagés par la CAPM.

Il y avait une pétition et un forum liés à cet article. Ils ont été fermés après avoir reçu près de 1000 signatures pour la pétition, mais aussi beaucoup de spam dans le forum… C’est fatigant à nettoyer…

Le projet de 4 ème pont à Perpignan

Le trafic de voitures particulières continue d’augmenter, et provoque des problèmes insurmontables à la ville. Le stationnement oblige à construire à grand frais des ouvrages souterrains, et à subir le parking sauvage sur les trottoirs. Les transports en commun sont, chaque jour, coincés dans les embouteillages. Ils sont donc inefficaces, et sont boudés par les usagers. Les boulevards sont élargis à deux voies pour absorber les bouchons du matin, du soir et de la mi-journée, mais cela accélère les bolides le reste de la journée, et confisque les voies qui pourraient être réservées au bus. Les piétons se sentent en danger partout en ville, on y subit le bruit des moteurs et des klaxons, l’odeur du gasoil brûlé… Enfin et surtout, alors que le protocole de Kyoto entre en vigueur le 16/02, la pollution de l’atmosphère ne cesse d’augmenter.

En conséquence, la plupart des villes françaises qui ont connu les mêmes problèmes se tourne résolument vers la baisse de la place de la voiture, et développe les transports en commun (bus, tram), la bicyclette, la marche à pied. Le Plan de Déplacements Urbains (PDU) de Perpignan, avec quelques années de retard, se gargarise aussi avec quelques idées à la mode. On va donc « maîtriser la croissance du flux automobile », « privilégier les transports en commun, le vélo, la marche à pied », « permettre les liaisons douces » entre les quartiers. Mais quels sont les projets d’aménagement qui vont permettre d’atteindre ce paradis ?

– Une nouvelle rocade à l’ouest de la ville, à 2×2 voies pour les voitures.

– Une nouvelle rocade à l’Est de la ville, à 2×2 voies pour les voitures.

– Un pont à 2×2 voies sur la Têt, pour envoyer les voitures de la rocade Ouest vers Saint Assiscle.

– Des parkings souterrains en ville (place République, caserne Dagobert, boulevard Wilson, Quai de L. de Tassigny, …)

– Des parkings en périphérie.

– Et enfin, un nouveau Pont sur la Têt au centre de la ville, au niveau de l’avenue Roudayre et de la rue des Coquelicots, à 2×2 voies pour voiture.

Nous ne comprenons pas le rapport entre ces intentions et ces actes. Comme en 1960, on affirme que la création de nouvelles routes va faire baisser le trafic, en sachant que c’est un mensonge. Tous ces nouveaux aménagements en faveur de la voiture, qui sont coûteux, irréversibles, vont inciter un peu plus à son utilisation, et par voie de conséquence, vont dévaloriser les transports en commun, et dégrader les conditions de circulation des piétons et des vélos.

Un Tablier à 4 voies :

En ce qui concerne ce 4eme Pont, dont la consultation publique s’achève aujourd’hui, on se demande pourquoi il est conçu à l’usage exclusif de la voiture, à laquelle on consacre les 4 voies de circulation. On avait pourtant entendu qu’on y réserverait de la place pour les transports en commun et pour une piste cyclable dans les deux sens. On peut sans peine prévoir que les bus y seront coincés dans les bouchons. Quant aux piétons et aux vélos ils se partageront comme ils pourront l’espace restant sur le coté. On verra, le chantier fini, comment les vélos devront monter sur le trottoirs, ou en descendre… et on peut s’attendre, comme d’habitude, au pire. Pour le moment on préfère s’occuper du bien-être des automobilistes.

Rond point impraticable :

De chaque coté du pont, de grands rond-point permettront l’accès à l’ouvrage pour les voitures. Évidemment, on oublie que ces équipements sont très difficile à franchir pour les piétons, et les obligent à faire d’insupportables détours. Mais en plus on n’écrit pas un mot sur leur aménagement pour les cyclistes. On sait pourtant qu’ils constituent des points noirs dangereux pour les circulations cyclables, et le CERTU a publié de nombreuses recommandations pour les aménager en diminuant leur danger. Ce problème est totalement oublié dans le projet, même si on a pris soin de dessiner un vélo sur l’image de synthèse, parce que c’est à la mode !

Piste cyclable inaccessible :

Sous le pont et sur chaque rive, les clochards pourront dormir sur une piste cyclable. On ne sait pas d’où elle vient ni où elle va, mais on sent bien qu’il y avait là un peu d’espace inutile pour les voitures, et qu’on pouvait donc l’accorder à des moyens de transport non polluants. Le plus triste, c’est qu’on n’a pas pensé que les vélos qui y circuleraient (?) pourraient avoir envie de rejoindre le pont, la rue des coquelicots, ou l’avenue Roudayre. Aucun mot sur cette possibilité ! Le réseau pour les voitures est bien décrit en totalité, mais pour le vélo, on fait apparaître ainsi un segment non raccordé.

Loi sur l’air :

Pourtant la loi (il ne s’agit plus de recommandations !) prévoit que toute création d’artère, s’accompagne de la conception d’un itinéraire itinéraire cyclable équivalent à celui des autos. Ici, les voitures jouissent d’une traversée supplémentaire de la rivière, mais pas les vélos. Ce projet serait-il illégal ? Faudra-t-il saisir un tribunal pour en décider ?

Vélo amphibie :

Seule bonne nouvelle, page 7 du dossier, le passage à gué est évoqué, et est destiné aux piétons et aux vélos. Mais ce projet n’est pas décrit par plus d’une phrase, aucun plan, aucune connexion avec le réseau. Cette inquiétude est aggravée par les déclarations récente de la mairie qui affirmaient que ce passage à gué allait disparaître.

Peut-on véritablement parler de consultation du publique, lorsque le projet est présenté de façon aussi floue, et avec autant de contradiction ? L’association « Vélo En Têt » se déclare donc opposée à ce projet, et réclame une véritable politique de transport écologique, durable, et un moratoire sur les aménagements favorisant l’utilisation de l’automobile.