Guider les voitures

Dissuader le trafic traversant.

Ces différentes catégories de voies n’ont pas la même vocation. Les grandes voies servent au trafic de transit ou trafic traversant, c’est à dire un trafic important, des véhicules qui couvrent de longs trajets, ou qui doivent rouler vite. Quant aux petites voies, elles servent à la desserte, c’est à dire un trafic moins important, des véhicules qui doivent se rendre dans un endroit directement desservi par la petite voie. Par exemple une petite route communale permet aux riverains d’aller chez eux mais ne devrait jamais servir à des véhicules qui l’utilisent pour éviter un fort trafic sur un itinéraire principal, et traverser ainsi des petits villages. Pour prendre un exemple, les voitures qui vont de Perpignan à Villeneuve-de-la-Raho ne devraient jamais emprunter la petite route du Mas Palégry (chemin communal), mais les axes principaux (route d’Elne ou route d’Espagne). Il y a de nombreux autres exemples et chacun se reconnaîtra dans cette technique de l’automobiliste… De la même façon, dans une ville les petites rues ne devraient jamais être utilisées par des voitures qui cherchent à éviter les bouchons des grandes artères. Cela apporte un trafic dans de toutes petites rues qui sont des rues de quartier ne devant servir qu’aux riverains. Ces voitures sont souvent rapides puisque précisément elles passent là pour éviter de perdre du temps sur un grand axe bouché. Alors que le trafic de desserte est souvent lent et prudent puisque ce sont des riverains qui arrivent ou partent de chez eux, risquant d’écraser leur propres enfants ou ceux de leur voisins. Là aussi les exemples sont nombreux, et beaucoup d’autos, quand le boulevard Aristide Briand est bouché, empruntent les rues du stadium ou du vélodrome… On construit, on élargit, on améliore de grandes artères du centre ville, des voies sur berges, des rocades et des quatre-voies. Ces équipements automobiles coûtent chers, et sont destinés au trafic de transit. Mais quand ces itinéraires principaux sont bouchés, les automobilistes, plein d’astuce (!), utilisent des itinéraires secondaires, des petites rues ou des petites routes, qui n’ont pas vocation à accueillir ce trafic. Cela rend les quartiers bruyants, augmente la vitesse dans ces petites rues, et confisque souvent des itinéraires naturels pour les bicyclettes. En effet, les cyclistes préfèrent éviter les grandes artères, celles de trafic fort et rapide, et de grand danger pour celles et ceux qui circulent à vélo. Ils cherchent, et trouvent parfois dans ces petites rues, des itinéraires parallèles aux grands axes. Il faut recréer et assurer de façon durable la hiérarchisation des voies. Que les voitures soient incitées à suivre les axes principaux. Que les voies de desserte, les petites rues de quartiers, et les petites routes communales ne permettent plus le trafic traversant, mais uniquement la trafic des riverains, et celui des vélos. Cela peut se faire facilement en coupant par exemple ces voies par un ouvrage qui ne laisse passer que les vélos. Encore plus simple et moins couteux, on peut astucieusement utiliser des sens uniques pour les autos, et des contresens pour vélos… Et il existe ainsi d’autres stratégies, qui redonneraient à beaucoup de quartiers leur calme, et donneraient aux bicyclettes des itinéraires agréables et efficaces, avec peu de voitures.

Empêcher la traversée du centre de la ville.

La hiérarchisation des voies évoquée ci-dessus, s’accompagne dans beaucoup de ville d’un centre-ville non traversable. La ville de Strasbourg a un peu théorisé tout ça sur son site Web. Il s’agit en substance d’affirmer deux choses : la voiture doit pouvoir se rendre partout, car il y a les livraisons, les personnes à mobilité réduite, les véhicules de secours, les taxis, etc … cependant, les voies du centre-ville ne doivent pas servir à traverser la ville, mais seulement à desservir tous ses lieux.

Le centre-ville ne doit pas être un lieu de fort trafic, mais un lieu de vie agréable, sous peine de le voir déserté. Pour prendre encore une fois un exemple, pour aller en voiture du Pont d’En Vestit au boulevard Briand, on ne devrait pas pouvoir passer par la rue des Augustins, la place des Poilus, la rue de la Fusterie, la place Rigaud, et la rue des Carmes… Il faudrait contraindre les voitures à passer par les boulevards périphériques.

Favoriser la bicyclette

Parmi les membres de notre association, il y a de nombreux cyclistes quotidiens qui se rendent à leur travail, au lycée, faire leurs courses à bicyclette. Il craignent les voitures, sont mélangés avec elles sur des avenues rapides, sont incités à rouler sur les trottoirs, etc…

Bref, ils circulent dans de mauvaises conditions, et ne trouvent pas d’endroits sûrs pour laisser leur vélo. Malgré tout cela ils circulent à vélo. Il leur faut des équipements cyclables.

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Mais il y a surtout, en beaucoup plus grand nombre, tous les automobilistes qui ne veulent pas (ou plus) prendre le vélo. Ils ont peur des voitures pour la plupart, et craignent l’accident qui est toujours beaucoup plus grave pour le cycliste que pour l’automobiliste. Ce sont eux les principaux destinataires d’une politique urbaine en faveur du vélo. Ce sont eux qui, en changeant leur habitude, en abandonnant l’auto pour la bicyclette feraient baisser le trafic automobile. Cette décision de recours à des alternatives à l’automobile, en rupture avec les comportements dominants de consommation, est souvent vécue comme une pratique originale, marginale, ou un peu folle. Il faut donc une véritable incitation, de vrais équipements cyclables, des pistes sûres, continues et propres. Il faut une politique cyclable engagée, visible, convaincante, qui attire de nouveaux cyclistes en convertissant des automobilistes. Il ne suffira pas de faire plaisir aux cyclistes qui râlent, il faut aussi et surtout amener les automobilistes à changer leurs habitudes.

Rendre agréables et attractifs les itinéraires cyclables.

Une bande cyclable c’est le minimum qu’on puisse faire, et c’est loin d’être idéal :

  • Quand les voitures se garent dessus, il est dangereux de se déporter à gauche, sur une voie que les autos considèrent comme leur domaine réservé.
  • Elles sont souvent sales du fait de la proximité du réseau auto (graviers, bris de verre,…)
  • Pour tourner à gauche, on doit affronter des fauves automobiles qui, du regard, annoncent : « reste sur ta bande cyclable, toi… »
  • Et enfin, alors qu’on utilise un mode de transport silencieux, non polluant, et doux, on subit l’agression des moteurs, leur gaz d’échappement, et on se sent menacé par ces masses de métal lancées à grande vitesse.

A Perpignan, le réseau cyclable est presque exclusivement constitué de bandes cyclables, sales et discontinues. Ça ne suffit pas à convaincre des automobilistes à essayer le vélo. Si il est difficile de trouver de l’espace pour mettre les voies cyclables en site propre (séparé des autos), il faut au moins prendre celui qui est encore disponible. Les berges des cours d’eau, par exemple, constituent souvent des lieux agréables, qui ne seront pas défigurés par une piste cyclable comme ils ont pu l’être par des voies automobiles. La rive droite de la têt serait-elle plus belle bordée de vélos et d’arbres ? Il y a d’autres berges :

  • la Têt, en rive gauche, le long de l’avenue Torcatis.
  • la Basse, de Toulouges jusqu’au gué de la Têt.
  • les petits cours d’eau qui traversent le Haut-Vernet comme les ruisseaux du Vernet, du grand et du petit vivier, qui en de nombreux endroits peuvent facilement être aménagés.
  • le canal de Perpignan (las canals), et le pont des Arcades
  • le ruisseau qui traverse le bois de chêne du lotissement Mas Vermeil (al correc de lloberes)
  • etc…

Outre que ces berges sont agréables, des ouvrages existant sur ces parcours de l’eau pourraient souvent servir de franchissement de points noirs de la circulation. Citons comme exemple la Basse qui passe sous la voie ferrée, sous le boulevard des Pyrénées. Citons aussi le pont des arcades qui enjambe la 4-voies, et qui supporterait facilement un trafic de vélo.

P.S.: 

Qui veut compléter cet article en décrivant les mesures en faveur des « Collèges et Lycées » ? Il faudrait aussi expliquer comment la piétonisation et la bicyclette favorise « le Commerce en ville ».