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Table Ronde sur les déplacements en ville.

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Claire BRUN, Présidente de Vélo En Têt, accueille le nombreux public (quatre-vingt-dix présents), et présente le sujet du débat tel qu’il apparaissait dans la plateforme de « 66 mesures pour Perpignan » à laquelle la plupart des candidats ont répondu :

« Réduire le trafic automobile pour favoriser celui des piétons, des vélos et des transports en commun dans notre ville. »

Le modérateur présente ensuite le bureau de l’association, puis précise les conditions d’intervention de chaque liste représentée (Liste ALDUY, Liste CODOGNES, Liste RIPOULL, Liste AMIEL-DONAT, Liste « A gauche vraiment – LCR ») : un seul intervenant par liste (avec changements possibles en cours de soirée), un temps de parole limité à dix minutes pour la première intervention de présentation du programme à propos de la question posée en introduction, puis alternance questions de la salle – réponses avec durée limitée à deux minutes.

Par ordre géographique, c’est la liste AMIEL-DONAT qui prend la parole. Alain COUDERT fait le constat que la situation actuelle ne peut plus durer. Cycliste lui-même, il a peur de rouler en vélo en ville, et affirme qu’il appartient à tous d’œuvrer pour vivre en harmonie, en développant les transports en commun pour relier les quartiers, en améliorant les voies cyclables, en créant cet espace partagé qui permet à tous, y compris aux automobilistes de coexister en harmonie.


Puis c’est au tour de la liste MODEM. Clotilde RIPOULL explique son engagement en politique par sa participation à la lutte contre le 4è pont qu’elle considère comme une erreur, puisqu’il amènera encore plus de véhicules en ville, plus de pollution etc. Elle condamne ensuite le manque de démocratie locale, en prenant comme second exemple le mépris dans lequel est tenue l’association qui milite contre les projets pour le quai de Genève.

Sa liste considère que Perpignan est en retard pour tout, au niveau du PDU, des anticipations sur les transports en commun, polluants, inadaptés. Pour les années à venir, en termes de développement durable, il faut étudier un projet de tramway, avec une ligne reliant l’agglomération de Perpignan à la côte. Le mot-clé pour elle, c’est « anticipation », tant en matière de transport que de logement. Car plus on éloigne la population de la ville, plus on crée de circulation automobile. Mme RIPOUILL termine par BIP, qui a pour conséquence la mise en place d’un grand nombre de mobilier urbain, source de pollution visuelle.

Puis c’est Marcel ZIDANI qui prend la parole pour la liste ALDUY. Il précise qu’entre 1990 et aujourd’hui, Perpignan est passé de 100.000 à 120.000 habitants, ce qui en fait une des trois villes de France qui ont progressé le plus en population. «En matière de transport, la ville a beaucoup travaillé, la priorité des priorités pour la communauté d’agglomération a été le transport depuis les villages jusqu’au centre-ville. Le 2è point important, c’est « comment faire diminuer le trafic automobile » au profit des transports en commun. Il reste encore beaucoup à faire, et c’est dans les objectifs. Faire circuler les bus en site propre pour assurer le débit et la régularité. On a par exemple gagné 6 minutes sur l’itinéraire Place de Catalogne-Castillet. Important aussi l’amélioration de la qualité des bus. Dans tout ce que nous achetons aujourd’hui, l’accès handicapés est assuré.

Une association a même été associée à ce souci du transport des handicapés qui pour 1 euro sont transportés de leur lieu de vie jusqu’à l’endroit où ils veulent se rendre (système de porte à porte). Quant au tramway, c’est 275 Millions d’euros pour une fréquentation qui ne pourra pas le rentabiliser. D’autres systèmes (bus articulés par exemple) sont plus performants et nous sommes en train de les mettre en place. Il faut terminer la rocade Est pour désengorger le pont Arago de tous les gens qui traversent Perpignan et qui n’ont rien à faire là. Et le 4è pont n’aura que 2 files voitures contre 4 files transports en commun, vélos et piétons. On ne peut pas tout nous reprocher non plus !»


Jean CODOGNESpour la liste Perpignan-Gagnant intervient à son tour. Selon le Directeur du Samu, il est plus dangereux de faire du vélo à Perpignan que du parapente… «Les responsables politiques doivent assurer la sécurité de chaque citoyen. Et on a pris beaucoup de retard, sauf pour implanter des vélos la semaine dernière

Diminuer l’impact de la voiture sur la ville correspond à des impératifs environnementaux mais aussi économiques. L’essence est de plus en plus chère, les travaux de construction de rocades aussi.

Les bus doivent être fréquents, ponctuels et confortables. Il faut avoir le courage politique de sanctionner ceux qui encombrent les espaces dédiés aux bus pour aller chercher leur journal. Et cela, la municipalité actuelle ne l’a pas fait.»

Jean CODOGNES prend plusieurs exemples étrangers, en Allemagne, Italie et pays nordiques : «et pourtant tous ces pays n’ont pas un climat aussi favorable que le nôtre. Ils ont eu une volonté politique, eux. Il est important de construire 50 km de pistes cyclables sécurisées. A Paris on n’a pas lancé les vélos comme cela. Tous les vendredis pendant un an, à roller, à vélo, un an avant on a testé. Il ne faut pas agir dans l’urgence. Nous avons les moyens financiers de doter très rapidement Perpignan de ces 50 km de pistes cyclables sécurisées permettant aux parents, aux enfants de circuler en toute sécurité. Pour finir, on sait que

chaque fois qu’on a piétonnisé un centre-ville, on a noté après un petit délai une forte augmentation du chiffre d’affaires des commerces concernés.»

Alexis CONTRERAS de la liste « A gauche vraiment » menée par Mickaël CUFI, intervient en dernier. Il insiste sur la démocratie participative, et part des 66 mesures proposées par VeloenTet. Beaucoup de choses sont intéressantes, d’autres moins et quelques unes le dérangent « un peu ».

«On ne fera rien sans l’accord des populations, des associations. Les habitants de Perpignan seront consultés. La politique ne se fera pas à la Mairie, mais chez les habitants, dans les quartiers. Pour les transports en commun, immédiatement gratuité pour les chômeurs et les précaires. Puis ensuite, gratuité pour tout le monde. Des parkings à l’extérieur de la ville permettront aux gens qui travaillent à Perpignan de laisser leur voiture pour prendre les transports en commun. Et ces derniers iront au-delà de 20 h, contrairement à ce qui se fait aujourd’hui. Par exemple à l’université, passées 20h il n’y a plus de transport possible. « Nous nous prononçons aussi pour la piétonisation totale de l’hyper-centre. Pour les pistes cyclables, à Perpignan on sait où elles commencent, on ne sait jamais où elles finissent. Ce que je n’ai pas aimé, ce sont les interdictions, la culpabilisation des automobilistes qu’il faut éviter. La répression des automobilistes est un aspect négatif : réprimer le stationnement sauvage sur les trottoirs, c’est aller trop loin»


Ensuite le public et les représentants des listes vont débattre : premier sujet, la piétonisation de l’hyper-centre.

Michel FRANQUESA pour la liste AMIEL-DONAT aborde le problème de la livraison des commerces. On peut laisser passer les véhicules de livraison et les habitants du quartier à certains moments. La piétonisation ne défavorise pas le commerce, au contraire.

Liste MODEM : Clotilde RIPOUILL. La piétonisation ne se fera pas sans concertation. Nous sommes pour une démocratie participative. Il ne faudra pas oublier lesartisans qui ont besoin de circuler à tout moment et partout.

Marcel ZIDANI – Liste ALDUY. 1990 : 1 commerce sur 7 fermait en centre-ville. On ne pouvait pas aggraver cette situation. Aujourd’hui les commerces du centre-ville fonctionnent bien. On peut donc piétonniser, mais pas contre les uns ou les autres. Avec tout le monde. Pensons au Quai VAUBAN, personne, soi-disant, n’en voulait. Personne maintenant, surtout chez les commerçants, ne voudrait revenir en arrière.

Katia MINGO pour la liste CODOGNES reprend donc la parole et promet de terminer en une minute…La piétonisation est une évidence et une urgence, car les centres-villes n’ont pas été conçus pour les voitures. Bien sûr cela ne peut se faire qu’en concertation entre les usagers, les techniciens et les politiques. Toutes les villes qui ont tenté la piétonisation ont retrouvé une grande vigueur commerciale dans leur centre. A Montpellier par exemple il n’y a pas de livraison de marchandise entre 8h et 20h sauf pour les véhicules propres. Et bien une entreprise de triporteurs s’est installée et cela marche superbement bien. Sept emplois ont été créés. Le «pédibus» pour aller à l’école a aussi été lancé. Et cela marche tellement bien que les enseignants ont même créé des parcours pédagogiques. Il suffit de volonté politique.

Alexis CONTRERAS pour la LCR est tellement favorable à la prise de parole citoyenne qu’il préfère prêcher par l’exemple et laisser le public s’exprimer.


Première question : la présidente de l’Association de quartier Torcatis, quartier très résidentiel, si elle milite pour le piéton dans le centre-ville, demande quand même que l’hyper-centre soit ouvert une ou deux heures par jour aux voitures, et elle donne l’exemple des personnes très âgées qui ont un rendez-vous chez le médecin et qui doivent pouvoir être accompagnées, car les bus ne sont pas toujours accessibles aux personnes peu mobiles, et leurs horaires trop coercitifs.

La Présidente de l’Association de défense des piétons plaide pour la réinstallation de bancs le long des parcours piétonniers afin que les gens puissent se reposer. Une ville piétonnière sans banc est une utopie. Un autre participant introduit le problème des SDF qui monopolisent les bancs de jour et de nuit, ce qui a contraint à supprimer lesdits bancs. Le modérateur intervient pour recentrer le débat sur les transports en précisant que l’on ne peut pas traiter de tous les sujets, même si ils sont liés.

M. B.,architecte,est inquiet sur la cohabitation des vélos et des piétons sur les mêmes itinéraires. Une autre personne intervient pour dire qu’à Fribourg, en Allemagne, cela se passe sans aucun problème. Michel FRANQUESA (liste AMIEL-DONAT) pense à ceux qui ne peuvent pas être piétons (par exemple les personnes très âgées). Il faut donc des moyens de transport en commun « propres ». Dans « l’archipel » il faut aussi une interconnexion entre les quartiers, par des véhicules réduits en taille. Il y a moyen aussi de donner aux commerçants des cartes d’accès prioritaires et de parking.


Mme L. souhaite que l’on soit vigilant en parlant du « centre ville », car ce terme ne comprend pas seulement du centre historique à l’intérieur des boulevards circulaires mais la ville comprend tous les quartiers proches comme celui de la gare, Las Cobas etc.. qui doivent aussi bénéficier d’une circulation maîtrisée. Elle insiste par ailleurs sur ces boulevards circulaires empruntés par un flot de voitures continu à forte vitesse qui provoquent une insécurisation inacceptable des piétons et cyclistes en plein centre ville.

Thibaut LEGAYE reprend le thème du [?code de la rue], inventé par les Belges. Le principe c’est que la ville ne peut pas avoir les mêmes règles que la route, puisqu’elle est un espace partagé. Il faut donc protéger le plus faible en lui donnant priorité. Le piéton a priorité sur le vélo, le vélo sur la voiture etc. Une commission a été créée en France. Pourquoi ne pas l’essayer à Perpignan ? Une ville de Hollande ([?Drachten]) a même été plus loin en supprimant tous les feux rouges et tous les panneaux pour responsabiliser au maximum chacun. Et il y a même des zones où les cyclistes doivent descendre de vélo et le conduire à la main. Quant aux livraisons, Strasbourg a laissé l’accessibilité totale aux voitures, mais sans possibilité de traverser le centre, à très faible vitesse et avec priorité aux vélos et aux piétons. Et cela fonctionne. A Perpignan non plus il ne faut pas permettre aux voitures de traverser la ville. Il faut qu’elles ressortent par là où elles sont entrées. Cela permet de partager l’espace et de diminuer, en le rendant plus difficile, le trafic automobile inutile, pour permettre le trafic automobile indispensable. Et cela ne doit pas se faire que dans l’hyper-centre, mais dans tous les quartiers résidentiels. Une autre personne insiste sur l’extension nécessaire à toute la ville et pas seulement à l’hyper-centre. Les boulevards de ceinture qui traversent Perpignan sont insupportables aux piétons.

M. ZIDANI pour la liste ALDUY est d’accord pour une zone limitée à 30 Km/h. Il rappelle qu’un effort a été fait par la municipalité actuelle en rendant insignifiant le prix du péage entre Perpignan-Nord et Sud : deux euros par mois, afin de désengorger le centre.

Jean MONESTIER pour Vélo En Têt veut préciser la notion de réseau cyclable : la continuité d’une piste cyclable n’est pas obligatoire si le trajet d’un point à un autre est « sécurisé ». Il y a de petites rues où un vélo occupe le centre de la voie et contraindre les voitures à le suivre. Autre problème : les horaires des transports en commun. Le soir on ne peut plus rentrer de Perpignan vers les villages. Or la vie culturelle (cinéma, théâtre, restaurants) ou associative (cf. ce soir !) se passe surtout à Perpignan. Alors il faudrait qu’il y ait chaque soir à minuit, comme pour les boîtes de nuit, un bus qui parte du centre de Perpignan, qui « ramasse » les gens sur deux ou trois points et qui fasse le tour des villages de la périphérie. Quant au tram, M. M. rappelle qu’avec une puissance d’un cheval, on tire sur route deux tonnes, sur rail dix tonnes et sur voie d’eau cent tonnes. Le tram peut donc être rentabilisé sur la ligne de Canet.

M. ZIDANI (liste ALDUY) insiste sur le maillage des transports en commun qui est à la charge des communes qui souvent refusent d’investir de telles sommes.

Un autre habitant des villages (Baixas) fait remarquer que cycliste depuis dix ans, il n’a pas encore vu, pendant toutes ces années, la moindre piste pour aller sur Perpignan alors que les routes se sont multipliées.

Claire Brun insiste sur le fait qu’en ville si la circulation est réellement ralentie en [?zone 30], les vélos peuvent circuler en sécurité sur la chaussée et tous les usagers peuvent trouver leur place (résidents, handicapés, livraisons etc…) dans une ville apaisée. Il existe par ailleurs des moyens simples de faciliter la circulation des cyclistes en centre ville où l’espace est compté sans pistes cyclables dédiées : couloirs bus mixtes, double sens cyclables

Mme P. qui habite le Moulin à Vent raconte sa joie à l’arrivée de la ligne 4, servie par un charmant petit autobus, et très vite sa désillusion, car ce maudit 4 est inutilisable pour la vieille dame qu’elle est : marche très haute, pas de poignées pour se tirer, montée par l’arrière et composteur à l’avant. Pour descendre, il faut faire le grand écart ou se faire porter par un voyageur compatissant ! Quant au centre, il est plein de plots et d’obstacles trop dangereux, et l’avenue d’Espagne, et ses grandes surfaces, Mme P n’y va qu’après avoir rédigé son testament tant elle craint de ne pas en revenir !

M. ZIDANI (Liste ALDUY) insiste sur les transports ferroviaires.

M. S. voit le problème du transit sur Perpignan qui rentre en ville sans raison. La rocade Est doit être déplacée à droite des Jardins St Jacques pour préserver le « poumon vert de Perpignan ». Son trajet prévu est inacceptable. Il faut revoir le PLU. Le 4è pont et le boulevard Nord-est sont indissociables. Toutes les listes à part celle de M. Alduy sont opposées au 4è pont.


Olivier BRUN intervient à trois titres : en tant que pneumologue, il attire l’attention sur la recrudescence des asthmes chez les enfants et sur le fait que la pollution est très sous-évaluée dans les normes officielles par rapport à la réalité. En tant qu’ adhérent de Locovélo, il est heureux que la location de vélos existe enfin à Perpignan. Mais ce système ne fonctionnera que si d’autres mesures sont prises pour le vélo (limitation à 30, piétonisation du centre etc.). En tant qu’adhérent à Vélo En Têt, il a été bluffé par l’annonce par M. CODOGNES de la construction immédiate de 50 Km de pistes cyclables. Il voudrait savoir ce que proposent les autres listes.

Une surenchère ne serait pas raisonnable en période électorale !

Mme RIPOUILL (Liste MODEM) circule à vélo et doit relier Jean Lurçat à Bon Secours. C’est très rapide, mais très dangereux. Pour elle le problème n’est pas combien de kms de pistes cyclable à Perpignan, mais comment faire diminuer le nombre d’automobiles !

M. CODOGNES observe que l’étude a été réalisée en 2003 par Vélo En Têt et qu’en 2008 il n’y a pas grand-chose de fait. Or la Ville a refait les Boulevards Kennedy, Wilson etc., et il n’y a pas été implanté de pistes cyclables. Il n’y a pas de volonté politique, et le retard s’accumule.

L’heure de fin de cette table ronde approchant, puisqu’il faut rendre la salle à 23 h, le modérateur demande au représentant de chacune des cinq listes de donner son sentiment sur la soirée et de conclure, et le tout en une minute maximum !


M. FRANQUESA (liste AMIEL-DONAT) insiste sur la nécessité d’un plan d’ensemble pour les transports mais aussi l’habitat et l’urbanisme en général ; Mme RIPOULL (Liste MODEM) conclue en stigmatisant l’immobilisme et les coups de pub de la municipalité actuelle ; M. ZIDANI (municipalité sortante) trouve que ses collègues ont beau jeu de promettre et de critiquer pour ce qui n’a pas été fait, mais qu’ils devraient avoir l’honnêteté intellectuelle de saluer les nombreux points positifs réalisés. M. CODOGNES (Liste Perpignan Gagnant) veut redonner un dynamisme à la ville et la rendre plus agréable à vivre ;et Mr B. pour la liste LCR se lance dans une diatribe contre les sortants à laquelle le modérateur doit mettre fin pour permettre à la Présidente de Vélo En Têt de conclure.

Claire BRUN remercie tous les participants de s’être prêtés au jeu difficile de la table ronde, espère que personne n’a été lésé dans son désir d’expression et donne rendez-vous à tous dimanche soir pour le verdict des urnes.