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petit billet d'humeur

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Rencontré, hier matin, un individu dans la rue qui s'est baissé pour ramasser la crotte de son chien ! Failli arrêter mon vélo d'urgence pour le féliciter mais me suis ravisée : il allait peut-être mal le prendre et croire que je me moquais de lui !

En vérité, on est très susceptible à Perpignan, sur la propreté, sur la pollution, et on critique un max, en balançant ses papiers et canettes dans la rue, en utilisant un sac en plastique à chacun de ses achats, en prenant son véhicule pour faire une mini-course, en y enfournant ses enfants pour les conduire à l'école, à quelques centaines de mètres de la maison...Mais il y a toujours un bon prétexte : il fait froid, ou trop chaud, ou c'est trop loin, ou on est pressés, ou le plus hypocrite : on y va en passant pour aller ailleurs... Résultat : des enfants qui ne connaissent ni leur rue, ni leur quartier, ni leur environnement immédiat, qui ne sont plus capables de marcher une petite demie-heure, ni de rester debout 5 minutes, toujours fatigués... Une génération d'assis... devant les écrans, dans les voitures, dans les canapés, sur les chaises à l'école... (non, pardon, pas assis mais vautrés...). Se baisser pour ramasser une crotte me paraît donc un geste tellement peu usité, de nos jours ! C'est comme le petit geste de la main pour dire merci, quand je m'arrête en côte et que je me couche pratiquement sur le trottoir pour laisser fort courtoisement passer un véhicule pressé (il travaille, lui !).... C'est tellement rare qu'il m'arrive d'arrêter ensuite le conducteur en le doublant au carrefour suivant pour le remercier à mon tour... Les traditions se perdent... la banale humanité aussi.

Notre ville qui soi-disant doit être accueillante «Soyons les ambassadeurs de notre région», (il fallait l'oser) et où, soi-disant, il fait bon vivre, est hostile aux piétons, aux deux-roues, aux parents avec poussettes, et aux handicapés....

Il faut se battre pour traverser sur les clous, quand on en trouve, des clous ( j' allais dire : des clous !)...

Sur le boulevard des Pyrénées, il y avait un feu, devant l'école et le collège, pour permettre aux enfants de traverser et de rejoindre les arrêts de bus... Le feu tricolore a disparu, il devait empêcher les autos d'aller assez vite... maintenant, il y a des barrières, pour empêcher les piétons de se faire tuer et permettre aux autos de rouler sans entraves !

On a l'impression que tout ce qui a un rapport avec la qualité de vie est inconnu, ici. Par contre, tout ce qui touche le commerce, le rapport, ça marche bien !

Il y a une vingtaine d'années, la place Arago était occupée par un groupe de quelques messieurs bavardant, presque tous les matins... Sont-ils tous morts? Peut-être sont-ils maintenant installés aux terrasses des cafés ?

Mon petit coeur de Perpignanaise s'angoisse à l'idée des travaux qui ont débuté place Cassagnes. Les toilettes publiques (avant-dernières de la ville, les dernières sont au palais de justice) vont disparaître, les baraques des marchands, aussi. Quel désert minéral agrémenté de petites pissotières au ras du sol va-t-on nous proposer ? On ne peut que trembler car les places de Catalogne, Arago, Gambetta, de la Victoire et de la République sont particulièrement inhospitalières, peu ombragées, peu pourvues de bancs, sans toilettes publiques..., sans fontaines pour se désaltérer... Si accueil il y a, c'est aux touristes argentés, qui s'abreuvent aux terrasses de cafés, paient les parkings et les parcmètres...

Bon nombre des gens de mon entourage ne savent pas qu'on peut prendre le bus... qu'il y a des bus de l'Agglo... que ça ne coûte pas si cher.... C'est vrai qu'on est quand même coincés dans des embouteillages dignes de la région parisienne ! Alors, on préfère être coincés, mais avec sa radio, sa musique, son air conditionné, son propre chauffage. «Propre» est à prendre à double sens évidemment... Dans les transports publics, on ne rencontre que des jeunes, ou des vieux. La tranche d'âge à partir de 18 ans (tu seras un homme, mon fils puisque je te paie ton permis et ta bagnole et que, sans voiture, on n'est rien... on n'existe même pas.) est dans les embouteillages, à râler parce que ça n'avance pas... Faudrait faire un tunnel qui passerait sous la ville, pour éviter Perpignan... comme on construit un tunnel sous le rond-point d'Auchan... Est-ce que ça coûte plus qu'un tramway, tout ça ? Les travaux de la pénétrante ouest ? La mise à 6 voies de l'autoroute ? Les ponts en veux-tu, en voilà sur notre petit fleuve ? La seule solution pour qu'il y ait moins de véhicules, c'est de les empêcher de rouler ! pas de leur faciliter le passage ! J'en ai assez que mes impôts servent à installer du goudron à profusion!

On nous dit que les bips ont fait un flop... la compagnie Clear-Channel va-t-elle démonter tous les panneaux publicitaires éclairés et déroulants, tous les abri-bus installés dans notre ville en contrepartie de ses similis bicyclettes ?

Comment repeindre en vert la publicité ? En "offrant" un service soi-disant écologique ! Le tour est joué ! Qui en fait les frais ? Une population de plus en plus abrutie par les messages publicitaires et incapable de penser par elle-même... de se déplacer par elle-même... toujours plus dépendante des biens de consommation... toujours plus dépendante des énergies fossiles.. et à qui on assène qu'on ne peut faire autrement !

Quant à cette hypocrisie appelée "Semaine de la mobilité" ! A Perpignan, on devrait la rebaptiser"Semaine de l'immobilité" : immobilité au volant, dans les embouteillages !

C'est toute l'année qu'il faudrait être mobile, et indépendant de nos "chères" voitures !